Article original de mardi 12h :
Dans une lettre ouverte à Jean-Claude Larue, Nicolas Gaume, le président du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV), a fait part hier lundi 25 octobre de son exaspération après la nouvelle saillie d’un « grand-oncle excentrique », qui se complaît dans « la haine gratuite et le mépris le plus nauséeux ».
La lettre fait référence à une interview du 9 octobre dernier. Dans un entretien avec le site GameRadio.fr, le délégué général du très puissant Syndicat des éditeurs de logiciels de loisir (Sell), qui regroupe les principaux éditeurs et constructeurs, déclare que « le SNJV, le soi-disant syndicat des jeux vidéo, est une escroquerie. C’est comme si un parfumeur de Digne-les-Bains s’appelait L’Oréal. C’est une blague ».
Sell et SNJV : deux institutions françaises aux vues en effet très différentes, puisque la première défend les intérêts commerciaux de ses membres, tandis que la seconde, plus institutionnelle, promeut le développement du jeu vidéo en France, en s’ouvrant notamment aux studios indépendants et aux écoles. Nicolas Gaume n’a toutefois pas choisi la date de sa réponse au hasard, en publiant sa lettre ouverte moins de 48 heures avant l’ouverture de la Paris Games Week, le tout nouveau salon très « show » voulu par Jean-Claude Larue.
L’Etoile noire du jeu vidéo français
Ce n’est pas la première fois que Jean-Claude Larue se met à dos des acteurs français du jeu vidéo ; il manie même la phrase assassine avec une certaine assurance. Il y a un an, il avait asséné un mémorable « Le Festival du jeu vidéo, c’est terminé », alors que le Sell venait de s’associer à l’édition 2009. Il s’est également fait une spécialité des phrases et annonces chocs – en témoigne la surenchère autour des jeux et des people visibles à la Paris Games Week –, parfois sans concertation préalable avec les éditeurs concernés, ou en contradiction avec leurs propres plans.
Mais, surtout, l’ascension brutale de ce nouveau salon est parfois comparée à l’Etoile noire de Dark Vador, pour sa force et son impérialisme : il a en effet annexé le Micromania Games Show, réduit à une journée lundi prochain, et, en pressant les éditeurs de le boycotter, réussi à saper la popularité du Festival du jeu vidéo. Rien qui émeuve toutefois Jean-Claude Larue. « Vous savez, c’est la vie des affaires », expliquait-il à Gamekult à propos du cas Micromania. Et de se laisser aller à une nouvelle saillie : « Vous avez là un distributeur qui a le monopole de la parole sur la période chaude de l’année. Est-ce que le Mondial de l’automobile est organisé par un garagiste, est-ce qu’il parle à la place de Renault ? »
« Il est temps de s’interroger »
Au Sell, personne ne souhaite ou n’ose bouger, d’autant que la Paris Games Week devrait surtout profiter aux plus gros. C’est donc à l’extérieur que les griefs s’expriment publiquement. Dans sa lettre ouverte, Nicolas Gaume interpelle nommément Georges Fornay, président du Sell, et exhorte l’ensemble des membres du puissant syndicat à une prise de conscience : « Jean-Claude a servi la cause du jeu en France, mais il est temps pour vous, grands distributeurs et constructeurs, de vous interroger sur la parole qu’il porte aujourd’hui. Votre parole. La parole du Sell. »
L’histoire dira si les joueurs profiteront ou pâtiront des tensions entre les différents organismes du jeu vidéo français. Ces remous ont cependant déjà eu des conséquences concrètes : un Festival du jeu vidéo 2010 décevant et une Paris Games Week prometteuse. A 01net., nous sommes partagés entre l’excitation de voir naître un « E3 à la française », ouvert au grand public, et la crainte qu’un tel salon enferme le marché du jeu vidéo dans le simple commerce des blockbusters et des suites, au détriment de sa culture et de sa diversité. Mais, pour ça, qui sait, il restera toujours le SNJV.
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