Après LVMH, c’est au tour d’un autre grand nom du luxe français, L’Oréal, d’attaquer eBay en justice. Et ce, de façon simultanée dans cinq pays : Allemagne, Angleterre,
Belgique, Espagne et France. Le géant des cosmétiques reproche au site d’enchères d’avoir permis la vente en ligne de produits contrefaits, en particulier des parfums, pour un préjudice estimé à plusieurs millions d’euros.L’Oréal possède une cellule de veille chargée d’identifier toute vente supposée frauduleuse sur Internet. L’entreprise n’hésite pas à acheter ces produits pour les analyser. Lorsque la contrefaçon est avérée, la société peut entamer
des poursuites. Une centaine d’actions judiciaires en France a été menée contre des vendeurs utilisant eBay pour écouler de faux produits aux couleurs de L’Oréal. C’est donc au site d’enchères lui-même d’être visé aujourd’hui.‘ Il ne nous appartient pas de faire la police sur ce genre de plate-forme. C’est à eBay de mettre en place des outils de filtrage pour lutter contre la fraude. Ce sont eux qui bénéficient de ces ventes
[le site touche une commission sur toutes les ventes, qu’il s’agisse de produits légaux ou contrefaits, NDLR] et non pas les titulaires des marques ‘, estime José Monteiro, directeur du département international de
marques chez l’Oréal.Chez eBay, on se dit ‘ extrêmement déçus ‘ de la tournure prise par les événements. Jusque-là habitué à se présenter comme un simple prestataire technique, l’américain a modifié sa
politique de lutte contre la contrefaçon. Il se dit prêt désormais à plus de transparence, et à effectuer un travail de fond avec les marques. Le site d’enchères a ainsi collaboré pendant plusieurs mois avec L’Oréal pour tenter de trouver une
solution au différend qui les oppose. En vain.
Une collaboration avortée
Pour eBay, les demandes du groupe de luxe étaient excessives. ‘ Nous souhaitons mettre en place des mesures pour empêcher la vente de produits contrefaits, mais il faut que la réponse de ces outils au phénomène de
contrefaçon soit proportionnée, sous peine de nuire à la richesse d’eBay, développe Alexandre Menais, directeur juridique d’eBay France. Nous ne pouvons accepter de limiter la possibilité de vendre un certains nombre de
produits, voire de fermer une catégorie entière. ‘Des exigences que réfute L’Oréal. ‘ Nous n’avons pas demandé la fermeture de la catégorie parfums. Nous désirons la mise en place d’outil de filtrage, comme l’a déjà fait eBay pour interdire la vente d’ivoire.
Pendant plusieurs mois, nous avons cru naïvement que cela était possible. ‘
Pourtant, eBay affirme avoir pris des mesures proactives pour endiguer la fraude. Comme la vérification des coordonnées bancaires de l’utilisateur lors de l’ouverture d’un compte Paypal, ou la suppression des enchères de courte durée
sur les produits dits à risque… Mais rien en matière de filtrage. ‘ La porte est ouverte aux négociations, indique Alexandre Manais. Nous espérons trouver une solution pour endiguer la contrefaçon
en ligne. Pourquoi pas en concertation avec les pouvoirs publics ? ‘En revanche, il est hors de question pour le site de mettre en place des outils garantissant le principe de distribution sélective, à savoir le choix, par une marque, de ses propres distributeurs exclusifs. Ce qui vaut à eBay une
seconde procédure de la part de
LVMH.
‘ Nous ne sommes pas garants de l’étanchéité des réseaux des marques de cosmétiques ‘,
conclut Alexandre Menais.
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