Quand on va au cinéma, c’est souvent pour oublier ses soucis. Le moins qu’on puisse dire est que, si le film que vous allez voir met en jeu des ordinateurs, vous ne vous ennuierez pas. Aujourd’hui, avec une constance qui dure depuis
plusieurs décennies, les réalisateurs s’obstinent, dans leurs productions, à présenter les ordinateurs de façon puérile, désuète et surtout invraisemblable.Premier lieu commun, que j’ai noté dans d’innombrables films, et qui semble être un passage obligé : lorsque l’ordinateur affiche un message quelconque (coordonnées d’une personne, message d’erreur…), le texte ne s’affiche
pas d’un seul bloc, mais progressivement, caractère par caractère, avec un charmant petit cliquetis de type machine à écrire. Il est vrai que les télétypes fonctionnaient ainsi… dans les années 60. Comble de l’ironie : on trouve des
sharewares, sur Internet, qui savent appliquer cet effet ‘ cinéma ‘ à n’importe quel texte. La réalité dépasse la fiction.Quand les réalisateurs ne sont pas en retard d’une génération, ils tombent dans l’excès inverse. Ainsi, il est banal, aujourd’hui, de voir le personnage d’un film lancer une recherche dans une base de données sur un PC. Croyez-vous
qu’il va utiliser les outils de recherche classiques ? Non, il tape sa demande en langage naturel, par exemple ‘ Dossiers créés avant 2005 et piratés en 2006 ‘, requête que l’ordinateur comprend immédiatement et à
laquelle il répond immédiatement. Dans la ‘ vraie vie ‘, cela fait près de quarante ans que les développeurs de logiciels tentent en vain de créer une telle interface homme?”machine !Bien sûr, de telles anticipations n’ont rien de ridicule dans un film de science-fiction, comme 2001 Odyssée de l’espace, dans lequel le dialogue entre l’ordinateur HAL 9000 et les astronautes est une des clés du
film. Mais elles font pitié quand l’action est censée se passer de nos jours.Les ‘ grands ‘ films ne sont pas épargnés par les sornettes. Ainsi, dans Matrix, le héros se sert d’un MiniDisc pour y stocker des données. Vous avez déjà vu un PC avec lecteur de MiniDisc,
vous ?Mais la palme revient sans doute à Jurassik Park, dans lequel une fillette, enfermée dans un local menacé par de vilains Velociraptors, parvient à verrouiller la porte d’accès en manipulant un ordinateur qui, selon
la demoiselle, ‘ fonctionne sous Unix ‘. Si vous avez l’occasion de revoir ce film ?” très réussi au demeurant ?”, vous verrez Unix sous un aspect que vous ne connaissiez sans doute pas !Avec les virus, le spectateur a aussi de bonne occasion de se bidonner dans les salles obscures. Car les réalisateurs raffolent également d’images bien convenues. Un virus qui s’attaque à un PC prend obligatoirement la forme d’une
bestiole poilue et hilare qui dévore gloutonnement les caractères affichés à l’écran. C’est le cas, par exemple, dans le film Traque sur Internet 2, qui ne restera sans doute pas au patrimoine mondial du cinéma.Loin de moi l’idée de jouer les esprits chagrins ; un film peut être un excellent divertissement, même si les concepts informatiques qu’il présente sont à s’écrouler de rire ! Mais, dans le mesure où chacun, aujourd’hui, est
peu ou prou amené à se servir, ou au moins à côtoyer des ordinateurs, il serait peut-être bon de réconcilier les scénarios avec la dure réalité que connaissent les utilisateurs quotidiens de PC.En tous cas, il ne me semble pas que ce petit effort nuirait à l’histoire. Certains ont déjà commencé. Ainsi, dans le tout récent film Jean-Philippe, Fabrice Luchini utilise occasionnellement son PC et y cherche
même les coordonnées de son idole de façon tout à fait raisonnable. Un exemple à suivre ?…
* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur individuelProchaine chronique vendredi 5 mai.
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