Plus rapides, plus puissants, moins onéreux, les réseaux en fibre optique sont, de l’avis unanime des hommes de l’art, l’avenir des infrastructures télécoms et internet. Le rebond des valeurs technologiques, depuis le plus bas annuel atteint le 21 septembre, a, de fait, particulièrement bénéficié aux grands du secteur, les spécialistes des réseaux optiques mais aussi aux groupes à périmètre plus large.Globalement, Alcatel, Cisco Systems, Juniper Networks, Corning et autres Ciena ont contribué au regain de forme du Nasdaq et des marchés de croissance de la planète. À regarder les cours en 2001, la confiance des financiers semble, elle, relative : les chutes vont de 30 à 80 %. Le consensus des professionnels de la place de Paris prévoit une reprise fulgurante de ces titres, dès la stabilisation des marchés assurée.Moins consensuel, en revanche, est le calendrier de ce phénomène. La ” purge ” est-elle finie ? ” Pour moi, les valeurs télécoms dans leur ensemble ont atteint des planchers. Mais les grands opérateurs n’ont pas vocation à investir massivement et rapidement, d’autant plus que les capacités installées en optique sont fortes. On ne peut donc pas exclure les mauvaises surprises. La reprise du secteur, tout le monde la voit ; la date, personne ne l’a “, résume Laurent Balcon, spécialiste des télécoms chez Global Equities. Les investisseurs maîtrisent d’autant moins le tempo de la reprise boursière que le comportement du Nasdaq depuis la crise internationale suscite des interrogations.
Un secteur fibre composite
“ Le sursaut n’est pas loin de constituer une nouvelle minibulle. Or le traumatisme du secteur télécoms lui-même n’est sans doute pas achevé. Une rechute à court terme est à craindre, confie Vincent Bénard, le stratège d’Europe Invest. Cela restera vrai tant que l’on n’aura pas trouvé le moyen de donner du contenu à tous ces tuyaux. Mais à terme,la fibre optique va connaître une croissance forte, dont on retrouvera les effets en Bourse. “En attendant ce futur indéfini, les investisseurs commencent à opérer un tri dans un secteur jusqu’ici univoque. “ Je distingue trois sous-segments. La fibre “stricto sensu”, avec des valeurs comme Corning, Alcatel ou NEC, est entrée en bas de cycle, et même en dépression sur le segment du câble sous-marin. Les composants sont plus prometteurs avec JDSU, Nortel ou Alcatel Optronics, même si les capacités installées sont fortes. Enfin, les équipements de transmission, comme ceux de Cisco ou de Ciena, se tiennent encore bien, la croissance est simplement ralentie “, détaille Laurent Balcon.Le tri s’opère aussi selon les ” fondamentaux “, c’est-à-dire les qualités financières de base des différents compétiteurs. À ce jeu, les variations sont grandes entre la bonne santé d’Alcatel ou de Ciena, les déboires de Nortel, le dérapage récent de Juniper et les difficultés chroniques, depuis quelques mois, de Cisco. “ Ce qui creusera l’écart, à moyen terme, concerne plutôt la capacité d’innovation technologique et d’adaptation à un marché mouvant, note Vincent Bénard. À ce titre, Alcatel me paraît nettement moins attirant que Cisco ou Juniper, malgré le discours optimiste de Serge Tchuruk. Le secteur restant haussier à long terme, on ne risque rien à acquérir du Juniper vers 8 dollars, du Cisco autour de 16 dollars [chiffres de 25 à 30 % en deçà des cours actuels, ndlr].”Enfin, la phase de consolidation, qui ne manquera pas de toucher l’industrie, constituera un fort facteur de recomposition des portefeuilles des investisseurs. Ce sont surtout les mouvements autour des géants de l’équipement, tels qu’Alcatel, Cisco ou Nortel, qui occupent banquiers et analystes. Mais les valeurs moyennes n’en sont pas exclues. L’équipementier Tellabs vient de reprendre pour 355 millions de dollars (400 millions d’euros) le concepteur de solutions optiques Ocular Networks. L’acquéreur, lui-même dans le rouge au dernier trimestre, ne doit le maintien de son cours qu’à son statut de proie potentielle. ” Je privilégie aussi les valeurs américaines, aux dépens d’Alcatel notamment, du fait de la morosité qui risque de peser sur Paris jusqu’aux élections “, prévient Vincent Bénard.
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