Ce n’est pas parce que des sociétés se mettent autour d’une table qu’il va y avoir un accord ; le groupement des cartes bancaires a certes réussi à initier le très grand succès qu’est la Carte Bleue,
mais, depuis, tous les accords qu’ils ont envisagés ont connu des déboires.Dans le cas présent, c’est un peu la même chose : l’Association pour le commerce et les services en ligne (Acsel) a beau souhaiter un ‘ Internet+ ‘ qui permettrait à ses membres de proposer
leurs services simultanément, chez tous les fournisseurs d’accès, il a beau être dans l’intérêt des fournisseurs d’accès français de proposer ces services et de toucher ainsi des commissions en bien plus grand nombre
qu’avec les SMS+ actuels, par exemple, tout peut encore capoter.Cet Internet+ concurrencera en effet quelque part les ‘ portails ‘ privés actuels ; les FAI concernés devront donc faire preuve d’une grande ouverture d’esprit et viser le long terme. Il
faudra en outre sûrement des maîtres d’?”uvre ou chefs de file pour diriger les opérations techniques et financières ; ces derniers devront être acceptés par tous…Techniquement, pourtant, les obstacles à lever semblent minimes : il ‘ suffit ‘ de créer un réseau privé virtuel, accepté par tous les FAI. Ce réseau apporterait facilement tout ce qui existe sur le
Minitel chez les utilisateurs disposant d’un débit de 56 kbit/s (avec une amélioration notable de la qualité des textes et des images), mais permettrait aussi le téléchargement de musique, impossible sur le Minitel, ou même
l’écoute sonore directe sans coupure avec une fonction ‘ qualité de service ‘.Mais c’est sur l’ADSL que l’Internet+ pourrait montrer toutes ses possibilités même si, aujourd’hui, ces dernières ne sont pas explicitement demandées par l’Acsel : une ligne ADSL peut supporter
aujourd’hui l’Internet normal, la ‘ télé sur ADSL ‘ et la voix sur IP ; rien n’empêche qu’elle puisse transmettre en outre un deuxième Internet dans le cadre d’un réseau privé
virtuel, avec des caractéristiques de qualité plus strictes, correspondant à l’image que l’on se fait d’un service payant :
accès immédiat au serveur du service (ce qui sous-entend un serveur puissant et l’usage de lignes de transmissions interurbaines non saturées) ;
aucune coupure lors de l’usage, lorsqu’il est demandé du son ou de la vidéo en direct et non par téléchargement (c’est ce que l’on appelle la qualité de service, par exemple du type MPLS) ;
enfin un environnement ‘ sécurité ‘ adapté, éventuellement, ultérieurement, grâce à l’usage d’une carte à puce.
Qualité plutôt que rapidité
L’Acsel n’a pas d’exigences techniques spécifiques, sans doute du fait que les sociétés de services concernées existent ou ont réussi à exister en n’exploitant que les moyens du Minitel. Mais comment ne pas
imaginer, avec les débits possibles sur un Internet+, que de nouveaux services ne soient pas les bienvenus ?Pourquoi une agence immobilière n’y proposerait-elle pas la visite d’un appartement en vidéo ? Pourquoi TF1 ne mettrait-elle pas en ligne certaines de ses anciennes émissions, par exemple Nicolas Hulot à Madagascar,
que vous aimeriez peut-être (re)voir, moyennant un ou deux euros, à la veille d’un voyage dans ce pays ?En fait, bien que l’Acsel soit une organisation puissante et avec un fort savoir-faire, elle semble modeste à la fois dans ses exigences et dans sa volonté de représentativité : potentiellement, son spectre en la matière
pourrait devenir beaucoup plus large ; il pourrait concerner des sociétés non seulement de vidéo à la demande comme évoqué ci-dessus mais aussi par exemple celles du téléenseignement ou même du télérenseignement quand les moteurs de recherche
de l’Internet normal montrent leurs limites.Notons au passage qu’un moteur de recherche vidéo sur Internet+ pourrait remplacer, si les services vidéo étaient assez fournis sur ce réseau, toutes les amorces de services de vidéo à la demande qui naissent de par le monde en
technologie vidéo sur ADSL (aucune d’ailleurs ne donne financièrement satisfaction pour l’instant).Internet+ pourra-t-il, un jour, demander un terminal dédié ? La question n’est pas d’actualité. Mais n’oublions pas : si certaines personnes utilisent encore le Minitel, c’est qu’avec cet
appareil il suffit de décrocher, de faire un numéro, et de taper un mot pour avoir un service en quelques secondes.Essayez donc de faire aussi vite avec un PC…* Rédacteur en chef d’ Electronique International HebdoProchaine chronique mardi 6 avril
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