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L’open source relance avec succès les superstructures de développement

Face aux nouveaux studios de développement commerciaux, la communauté open source dispose d’une réponse avec NetBeans et Eclipse. Deux socles de développement ” universels “.

Offrir un environnement de développement universel. Tel est l’objectif de NetBeans et d’Eclipse, deux structures d’accueil open source, récemment créées à l’initiative de deux géants, respectivement Sun et IBM. Une ambition qui rappelle les structures d’antan, telle Softbench de HP. NetBeans et Eclipse suscitent déjà un intérêt important auprès des développeurs. Eclipse, qui vient de fêter son premier anniversaire, aurait été téléchargée par plus de deux millions d’utilisateurs.Les deux nouvelle structures reposent sur une approche similaire. Ce sont des frameworks de développement. Embarquant chacun un environnement de développement intégré (IDE) destiné à créer des applications Java basées sur Java 2 Standard Edition, ce sont des socles techniques sur lesquels viennent se connecter d’autres outils ?” les plug ins ?” d’aide au développement. Il peut s’agir d’un compilateur, d’un débogueur, ou d’outils de modélisation UML, de tests, de gestion de configuration logicielle, etc.

En ligne de mire, une productivité accrue

C’est Sun qui, le premier, a relancé ce marché de la structure d’accueil de développement. En 1999, le père de Java rachète NetBeans, une société tchèque qui édite l’IDE Java éponyme, populaire dans le monde Linux. En juin 2000, il décide d’offrir l’outil de développement à la communauté open source. Et il en fait un pendant commercial avec Sun One Studio, le successeur de Forte for Java.La démarche d’IBM est similaire, à la différence près qu’Eclipse ne provient pas d’un rachat, mais a été développé, à l’origine, par Big Blue lui-même. Fin 2001, il décide d’offrir Eclipse à la communauté open source ?” un don qu’il estime à 40 millions de dollars. L’IDE d’Eclipse dispose, lui aussi, d’un pendant commercial, Websphere Studio Application Developer, le successeur de Visual Age for Java, lequel est d’ailleurs le premier logiciel compatible Eclipse.Le premier bénéfice de ces structures d’accueil est d’offrir un environnement de travail identique quelle que soit l’application utilisée. Rémy Baranger, responsable marketing d’IBM Websphere, nous avait confié, lors du lancement d’Eclipse, que cette approche “doit répondre à la problématique du nombre très important de technologies différentes appliquées dans un cycle de développement logiciel, qui, in fine, nuisent à la qualité logicielle et à la productivité”. Et l’objectif semble être atteint. Pour Didier Girard, directeur technique de la société de conseil Improve, “Eclipse est un environnement de développement moderne et productif. Orienté développeurs, il est rapide, léger, facile à installer et complet.” Malgré sa jeunesse, Eclipse dispose de fondations solides. La société Icare en a fait la preuve. Spécialisée dans l’assurance automobile, elle a utilisé la plate-forme pour refondre une application critique de gestion des sinistres. Pour son directeur informatique, Rodolphe Lanctuit, “l’absence de bugs et de plantages a montré qu’Eclipse était très stable”. La productivité d’Eclipse est telle que quelques jours suffisent, par exemple, pour développer un plug in (ou programme additionnel). Une vision que partage le directeur technique d’Improve : “Les fonctions de productivité sont très satisfaisantes. On peut ainsi remplacer du code à chaud [c’est à dire déboguer une application sans avoir à la relancer], remplacer le nom d’une méthode à partir de n’importe quel point du projet ou installer une fonctionnalité simplement en la décompressant.” Eclipse a rallié de nombreux éditeurs tiers. Un an seulement après son lancement, environ cent cinquante programmes additionnels sont disponibles.Même s’il ne dispose pas d’autant de plug ins, alors qu’il est plus ancien, NetBeans suscite un intérêt important : une soixantaine de plug ins sont accessibles, mais aussi des logiciels commerciaux développés à partir de cette structure d’accueil. On y retrouve tous les produits de Sun développés depuis l’acquisition de NetBeans ainsi que l’IDE Java OptimalJ, de Compuware, ou encore Compaq NetBeans, une déclinaison de NetBeans pour OpenVMS.

Une prise en charge de plusieurs langages

La modularité de ces plates-formes est également intéressante pour des projets sur mesure. Ainsi, “des clients nous demandent de développer des extensions pour Eclipse sur la base du framework qu’ils utilisent”, précise Didier Girard chez Improve. Même son de cloche du côté de NetBeans. “Il s’agit d’une solution open source dont on retrouve la philosophie, résume Mariano Boni, directeur technique de la SSII Dreamsoft. C’est un outil de développement qui permet d’obtenir rapidement du code de qualité pour un coût faible”. Revers de la médaille : la maintenance et le support ne sont pas aussi bien structurés que ceux d’un produit commercial, même si, remarque Mariano Boni, “le support de NetBeans est indirectement épaulé par son pendant commercial, Sun One Studio, lequel est assuré par Sun”.Eclipse et NetBeans présentent un autre attrait : le support multilangage dans un même environnement de développement. Outre la prise en charge de Java, les deux structures sont fournies avec des compilateurs C et C++, auxquels il faut ajouter notamment, pour Eclipse, les langages C#, Cobol, Pascal, PHP et Python. Cette caractéristique est d’autant plus intéressante pour les entreprises, nombreuses, qui ont recours à plusieurs langages de développement. Dans ces environnements, elles n’ont pas besoin d’utiliser autant d’IDE qu’elles emploient de langages. On retrouve cette approche dans le domaine commercial avec le nouveau studio de développement de Microsoft, Visual Studio.Net ?” lequel supporte environ vingt-cinq langages. A une nuance près : les programmes additionnels ne sont pas forcément intégrés au studio de développement.Mais derrière l’approche similaire de ces deux socles techniques se cache une différence de taille pour la communauté Java. Alors que NetBeans respecte intégralement les standards Java, Eclipse s’en démarque sur un domaine, celui du jeu de composants graphiques. En effet, à la différence des composants Swing employés par NetBeans, IBM a développé Eclipse à partir de composants SWT (Standard Widget Toolkit), lesquels ne font pas partie des standards Java. Pour David Intersimone, vice-président des relations développeurs de Borland, “le caractère propriétaire d’Eclipse est un problème”. Pourtant, l’éditeur est membre du consortium. Mais il reste que “les composants SWT sont plus performants que ceux de Swing”, constate Didier Girard. Bref, à moins de les faire entrer dans ses standards, la communauté Java devra choisir entre les standards et les performances.

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Ludovic Arbelet