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L’open source, bouée de sauvetage des SSII ?

En très forte croissance, l’usage des logiciels libres dans les entreprises et les administrations pourrait aider les SSII à préserver leurs marges. En témoigne la récente acquisition d’Aurora par Business & Decision.

Face à la décroissance de 3 à 5 % des revenus des SSII liés aux services informatiques, le logiciel libre représente une alternative intéressante pour préserver ses marges et engendrer une croissance de son activité.
L’acquisition, il y a quelques jours, d’Aurora par Business & Decision illustre parfaitement cette opportunité.Aurora compte 25 personnes et a réalisé un CA de 2,1 M euros pour un résultat net proche de l’équilibre en 2002. Des performances bien au-dessus de la moyenne des SSII traditionnelles. ‘ Un
positionnement de niche permet de préserver les marges et de proposer aux clients des solutions globales à plus forte valeur ajoutée. L’open source répond à une demande croissante des administrations, mais également des entreprises, attachées à des
coûts de développement moindres, tout en respectant des standards d’interopérabilité, d’adaptabilité et de portabilité. D’où notre acquisition d’Aurora ‘,
explique Patrick Bensabat, P-DG de Business & Decision. Le
mouvement open source représentera 3 % du chiffre d’affaires de Business & Decision cette année. Une proportion qui pourrait doubler d’ici à 3 ans. Au-delà d’un impact positif en terme de rentabilité, des références open source deviennent
tout simplement indispensables pour remporter certains marchés.Le secteur public, qui est l’un des seuls à avoir connu une croissance de ses dépenses informatiques en France en 2003 (3 à 5 % selon le Syntec), est, par exemple, un très gros
‘ consommateur ‘ de logiciels libres. Selon une étude commanditée par la Commission européenne, 66 % des administrations et 45 % des entreprises privées allemandes utilisaient des logiciels
libres en 2002. Même si ces chiffres sont certainement inférieurs en France, la tendance est là : à budget égal, les entreprises préfèrent investir dans du service plutôt que dans des licences. Le modèle économique de l’open source est donc
parfaitement adapté aux contraintes budgétaires des entreprises et aux problématiques de croissance et de rentabilité des SSII.


D’un côté, l’absence de coût de licence et la mutualisation des dépenses de maintenance permettent aux entreprises d’externaliser une plus grande part de leurs besoins informatiques et ainsi de compresser leurs équipes en interne ou de
les redistribuer sur des projets plus stratégiques.


De l’autre, les SSLL (sociétés de services en logiciel libre) vendent plus de services pour un coût final identique. Cette équation ‘ gagnant-gagnant ‘ est en phase avec les tendances du
marché. ‘ SSII et clients finals sont dans le même bateau : ce qui les intéresse, c’est de répondre à des problématiques métier et d’alléger les effectifs en interne, pas de supporter des coûts de
licence ‘,
synthétise Frédéric Bon, fondateur du cabinet de conseil Clever-Age.

Vers une spécialisation des acteurs open source

Si la majorité des SSII semble convaincue, plusieurs modèles se dessinent lorsqu’elles tentent d’ajouter la corde open source à leur offre. La première approche ?” intégration de compétences open source à l’activité
traditionnelle de SSII ?” est parfaitement illustrée par l’acquisition de Business & Decision. La seconde consiste à sous-traiter systématiquement les projets open source. ‘ C’est déjà le cas pour certains
acteurs du marché qui passent par des SSLL pour répondre à des appels d’offre ciblés. Cela leur coûte moins cher que d’acquérir des compétences en interne, leur permet de gagner une marge notable sur un pourcentage convenu du projet, en redirigeant
une partie des risques sur le sous-traitant ‘,
analyse Laurent Pierre, directeur technique d’Alcôve.Plus aboutie mais encore rarissime, une troisième approche consiste à mixer l’activité de services avec celle d’éditeur de logiciels open source. Alcôve avec CAOBA (supervision réseaux) et IdealX avec IDX-PKI (PKI) et Cryptonit
(signature et chiffrement de documents) suivent cette approche. ‘ Nos clients ne souhaitent pas, par exemple, utiliser OpenLDAP ou Snort. Ce qu’ils veulent, c’est gérer leurs utilisateurs et détecter des intrusions
potentielles. C’est pour cette raison que notre offre est organisée autour de 13 produits finis entièrement basés sur des logiciels libres et accompagnés d’une offre d’installation, de conseil et de support ‘,
illustre
Olivier Guilbert, P-DG d’IdealX. Sur un marché où le conseil et l’ingénierie ont chuté de 10 à 12 % en 2003 et où le développement d’applications a connu une décroissance de 5 à 7 % selon le Syntec, cette approche
‘ produits finis + services ‘ pourrait mieux résister à la conjoncture. D’autant qu’elle apporte plusieurs avantages à l’entreprise : des coûts de mise en ?”uvre largement réduits (IDX-PKI
revient dix fois moins cher que ses concurrents propriétaires), des produits qui s’adaptent réellement aux besoins d’une communauté d’entreprises utilisatrices et, surtout, un coût de maintenance mutualisé entre plusieurs sociétés.L’esprit communautaire se développe dans les entreprises qui utilisent des solutions open source. ‘ À tel point que nous avons créé un club regroupant tous nos clients afin de leur permettre d’échanger autour de
leurs problématiques. Le principe fondateur est la mutualisation : des problématiques, des réponses, et enfin des coûts ‘,
explique Olivier Guilbert, avant d’ajouter que ‘ nous ne sommes pas une
SSLL mais la mutuelle informatique libre de nos 40 clients ‘
. Une nuance qui fait la différence. Tandis que la majorité des SSII a stoppé ses embauches et doit faire face à des taux d’intercontrat très élevés, IdealX a,
de son côté, embauché 15 personnes depuis le début de cette année.

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Frédéric Bordage