‘ Les résultats sont bons, sans surprise. Le cours a pris 2 % dès l’ouverture ce matin. ‘ Les analystes financiers présents à l’exposé des résultats 2006 de Meetic, ce
mercredi 28 mars, se sont montrés sereins et positifs. Les commentaires élogieux de ces professionnels, ou leur désaffection, à l’égard des sociétés de la Toile durant la bulle Internet, entre 2001 et 2003, ont disparu : un site comme
Meetic se juge désormais comme n’importe quelle valeur, sur ses fondamentaux. Et ceux du Français sont plutôt bons.L’année dernière, Meetic a enregistré 78,8 millions de chiffre d’affaires. Soit 83,2 % de croissance en un an. Le résultat net en progression de 77,2 % ressort quant à lui à 10,1 millions d’euros. Malgré
24 millions de dettes, compléments de prix des acquisitions au Brésil et en Chine à verser sur trois ans, le goodwill (1) (ou survaleur) est dans le vert, à 55,4 millions d’euros. Tout comme la trésorerie, à
76,5 millions d’euros.La société française est valorisée aujourd’hui à quelque 479 millions d’euros. D’autres sites d’intermédiation connaissent pareille ferveur des marchés, tels que Seloger.com, dont la valorisation est estimée à 504 millions
d’euros. Mais peu ont réussi à s’imposer hors de nos frontières.En six ans d’existence, la société créée par Marc Simoncini s’est implantée dans dix-sept pays, répartis sur trois continents. En 2006, le groupe a racheté le chinois eFriendsNet, Lexa au Pays-Bas et Parperfeito au Brésil. Début 2007,
il s’est offert le leader de la rencontre en ligne britannique, Dating Direct et ses 4 millions de profils.
Un marché américain ultraconcurrentiel
Boulimique, Meetic n’entend pas s’arrêter là : ‘ Nous allons nous installer dans six nouveaux pays : les Etats-Unis, l’Australie, le Japon, la Corée, Taïwan et la Grèce pour devenir un acteur global de
la rencontre en ligne. ‘ Certains émettent quelques réserves sur cette frénésie d’extensions. ‘ Je suis circonspect. Est-il opportun pour une société de partir de zéro pour s’implanter sur le marché
ultraconcurrentiel que représentent les Etats-Unis ? s’interroge un analyste. Les coûts marketing importants qui seront induits ne mettront-ils pas à mal la rentabilité ? ‘Durant sa présentation, Marc Simoncini a pourtant bien essayé de balayer les ‘ légères ‘ réticences de son auditoire. ‘ Si nous allons aux Etats-Unis, ce n’est pas avec l’objectif de
devenir leader du marché, a-t-il expliqué. La question est de savoir si on est capable d’y faire du chiffre d’affaires. Il faut fixer le coût d’acquisition d’un abonné de manière à garder nos
marges. ‘
Le pari : changer les règles du jeu
Autre inconnue : l’accueil du nouveau modèle économique de Meetic auprès de ses 426 000 abonnés (chiffre au 31 décembre 2006). Car en début d’année, le site a décidé de changer les règles du jeu. Il fait
désormais payer la gente féminine, pour qui le service était jusque-là gratuit. Femmes et hommes doivent dorénavant payer un abonnement minimal de 14,65 euros mensuel (pour six mois), auquel il est possible d’ajouter différentes options.Les femmes peuvent encore s’inscrire gratuitement mais n’ont pas accès à tous les services, et ne peuvent être contactées que par des hommes qui ont activé l’option Premium. ‘ Faire payer les femmes est un moyen
de faire payer les hommes, indique Marc Simoncini. Avec un abonnement classique, les hommes ne peuvent entrer en contact qu’avec les femmes qui ont payé. S’ils veulent pouvoir les contacter toutes, y compris celles qui ne sont
pas abonnées, ils doivent souscrire à cette option Premium, à 14,90 euros mensuels [à ajouter au coût de l’abonnement, NDLR]. ‘Le pari est osé pour Meetic, qui, avec ces tarifs, risque de perdre une partie de sa clientèle. Mais si son taux de croissance réussit à se maintenir, la société disposera d’un tapis financier confortable pour poursuivre sa conquête à
l’extérieur de nos frontières.
(1) Le goodwill est l’ensemble des éléments non matériels qui contribuent à la valeur d’une marque.
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