Aux Etats-Unis, et en particulier dans la Silicon Valley, l’inquiétude ne cesse de grandir. Les informaticiens, qu’ils soient à la recherche d’un emploi ou en poste, redoutent la délocalisation de
l’informatique vers les territoires
offshore. Les sociétés spécialisées dans la high-tech ne sont pas les seules à recourir à de telles pratiques, loin de là : à en croire Gartner, une large majorité des sociétés
de Fortune 500 fait appel aux services de sociétés indiennes pour exploiter centres de données et centres d’appel.Et la Silicon Valley, qui a perdu près de un emploi sur cinq ces trois dernières années, est particulièrement sinistrée. Le comté de Santa Clara, c?”ur de la Mecque des technologies, comptait en septembre 67 800 demandeurs
d’emploi, et affichait un taux de chômage de 7,5 % ?” contre 6,1 % au niveau national. L’impact social du développement de l’offshore, relativement négligé jusqu’à présent, y est donc relativement
fort.Peu enclins habituellement à se rebeller, certains informaticiens commencent à donner de la voix. Le 1er septembre, Labor Day (fête du travail), quelque trente-cinq personnes se sont rassemblées pour protester globalement contre le
principe de l’offshore. Elles avaient choisi de manifester devant les locaux informatiques de la Bank of America à Concord, près de San Francisco. Le lieu se voulait symbolique, puisqu’un informaticien de la banque qui venait de perdre
son emploi s’était récemment suicidé sur le parking. Le 16 septembre, une cinquantaine de personnes ont, cette fois, répondu à l’appel du syndicat CWA (Communications Workers of America) et manifesté devant un hôtel près de
l’aéroport de San Francisco, où se tenait une conférence sur l’outsourcing offshore.
Un centre de ressources et d’échanges
Pourtant, les informaticiens sont loin d’être une population prompte aux manifestations. ‘ Ils n’appartiennent pratiquement jamais à des organisations syndicales, comme, plus globalement, les
employés du secteur high-tech, remarque Joshua Sperry, organisateur de la branche du CWA de la Silicon Valley. Ils n’ont donc, aujourd’hui, aucun moyen de s’exprimer. Mais c’est en train de
changer. ‘Une organisation syndicale de type ‘ open source ‘ est ainsi en train de voir le jour. Son principe ? Etre ouverte à tous les employés du secteur, dans une structure plus souple que celle d’un
syndicat classique, promouvoir les échanges d’idées, et aider à définir d’éventuels standards industriels, qui s’appliqueraient au monde du travail. ‘ Tout a démarré à Seattle, où l’un des leaders
de la branche locale CWA a lancé une initiative de ce genre, qui a commencé à susciter de l’intérêt au-delà du périmètre local ‘, explique Joshua Sperry.S’en est suivie au printemps dernier la création, par le CWA, de
techsunite.org. Il s’agit d’un centre de ressources et d’échange pour les employés du secteur informatique. ‘ Les choses bougent aussi dans la Silicon
Valley. Au-delà d’une présence seule sur internet, nous essayons d’ouvrir ici une entité. On peut également s’attendre à ce que tech sunite.org donne naissance, dans les prochains mois, à des “sous-sites”
représentant des groupes locaux, comme la Silicon Valley, New York, le Research Triangle [zone high-tech en Caroline du Nord ?” NDLR], ou Austin Texas ‘, affirme le même Joshua Sperry.
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