Y penser toujours, n’en parler jamais. Telle semble être la devise des conjoncturistes et chefs d’entreprise français pour éloigner le spectre de la récession. “Les mécanismes de transmission entre l’Amérique et nous ne sont pas pleinement établis“, estime le président de l’Observatoire, Jean-Paul Fitoussi à l’occasion d’une conférence de presse de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). “ Ainsi en 1992, quand les États-Unis repartaient, nous entrions dans des années de marasme. Il n’est pas certain que la contagion gagne“, poursuit le président de l’OFCE. Sur les télécoms, un relatif optimisme est également de mise. “Je ne crois pas à un effondrement des acteurs , reprend-il. Les corrections en cours aux États-Unis nous forcent à avoir une croissance plus saine. En outre, les plus gros fournisseurs de NTIC [Nouvelles technologies de l’information et de la communication, ndlr] américains vont devoir baisser les prix pour écouler leurs stocks et conserver des clients. L’Europe pourra s’approvisionner à des tarifs relativement bas. “Sur le plan statistique, peut-on mesurer l’impact de la net économie sur la croissance française ? “On peut tabler à terme sur un demi-point de croissance par an, affirme Jean-Paul Fitoussi. Mais avec des facteurs autres qu’aux États-Unis. Là-bas, les producteurs de NTIC sont nombreux, ils contribuent beaucoup à la croissance. Ici, ils sont moindres. Ce sont surtout les utilisateurs, et les usages qu’ils font de ces technologies, qui feront la différence.“L’optimisme modéré dont fait preuve l’OFCE se retrouve sur le terrain. Carole Muller, directrice marketing à Oracle France : “Non seulement l’Europe va bien, mais la France va bien et les clients achètent “. Outre les bases de données, les services informatiques contribuent à soutenir l’activité. Ainsi le Syntec, qui regroupe les principaux acteurs de la profession, mise, pour 2001, sur une augmentation de 13 % du marché français des logiciels et services.Les responsables économiques font écho aux statistiques globales. François Enaud, président de Steria, l’une des valeurs sûres du secteur, affiche sa volonté “de croître plus vite que le marché, car les objectifs ont été atteints avec une année d’avance.” Cette performance historique serait due, selon lui, “ à l’effondrement de beaucoup d’agences web, qui n’étaient qu’une vitrine “. Mais aussi au fait que “ beaucoup d’entreprises ayant investi dans les technologies de l’information ont maintenant besoin de spécialistes pour les mettre en ?”uvre“. Alors, effet d’optique ou réalité économique ? En tout cas, la France y croit. Le fait est trop rare pour ne pas être souligné. De surcroît, l’économie reposant avant tout sur la confiance des acteurs, c’est, en soi, une raison despérer.
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