Les offres ASP (Application Services Provider ou hébergement d’applications) fleurissent. Mais qu’entend-t-on au juste par ASP ? IDC le définit comme un nouveau modèle de commercialisation et de distribution des applications. “Celui-ci consiste à externaliser l’hébergement d’une application auprès d’une société tierce (l’ASP), qui loue l’accès aux entreprises, directement ou à travers un ISP. Proche de l’infogérance d’applications, ce modèle en diffère cependant : les serveurs sont généralement mutualisés et les entreprises ne possèdent pas les applications. “
Souscrire à une offre ASP revient donc, pour une entreprise, à louer des applicatifs chez un hébergeur. Ainsi, une PME pourra jouir de l’utilisation d’un progiciel via le Web, moyennant un paiement mensuel par utilisateur. Comme se plaisent à le souligner les éditeurs de logiciels et les fournisseurs d’ASP, “ cette solution s’avère idéale pour les PME, puisqu’elles sont alors en mesure d’utiliser des applicatifs qu’elles ne pourraient s’offrir en interne“. Premières sociétés visées par ces offres, donc, les TPE et PME. Autre cible, les grands comptes qui pourraient gagner à externaliser la gestion de leur messagerie devenue trop volumineuse ou celle de leurs forces commerciales.Le marché de l’ASP n’en est encore qu’à ses balbutiements. En France, très peu d’entreprises ont aujourd’hui souscrit à de tels contrats. Mais, eu égard à ce qui se passe aux tats-Unis, “cela ne devrait pas tarder“, souligne Antoine Viale, directeur marketing d’EDS France. Forts de ce constat, constructeurs, hébergeurs et opérateurs n’hésitent pas à s’associer pour développer des offres. Pour Antoine Viale, le mode ASP permettra aux entreprises d’abaisser de nombreuses dépenses : “réduction des coûts de mise à jour des logiciels, utilisation d’une nouvelle application sans investir de sommes colossales pour l’acquérir, diminution du nombre d’informaticiens dans la société, gain de place, affranchissement des problèmes de sécurité, etc.“, précise-t-il. Autant de raisons qui poussent les fournisseurs à se ruer sur ce marché.
Des alliances et des offres à foison
Intervenue au printemps dernier, l’alliance majeure entre SAP, EDS, Transiciel, Microsoft et Compaq a donné naissance à une solution packagée, commercialisée de 300 à 400 e par mois et par utilisateur. Entré très tôt dans la course, Oracle enrichit continuellement son catalogue et propose aujourd’hui des solutions packagées ou personnalisées. Carole Muller, responsable marketing chez Oracle e-business Suite, explique : “Notre première démarche consistait à héberger dans nos locaux des solutions préparamétrées de comptabilité, de finance, de gestion de stocks… pour les PME (de 300 à 800 $ [de 346 à 924 e] par mois et par utilisateur). Puis, nous avons voulu ajouter à ces offres des solutions plus personnalisées destinées aux entreprises de plus grande envergure mais toujours hébergées chez Oracle. Aujourd’hui, nous souhaitons nous ouvrir vers l’extérieur et sommes donc en quête de partenaires ASP à qui nous confierons les prestations d’hébergement. “
Éviter les coûts élevés de la maintenance
Alors que Progress Software a retenu Citrix pour s’attaquer au marché des TPE et PME, IBM a signé un accord avec AGS Soft afin de lancer mywebpro cess.com, une solution de groupware. Facturé 100 F (15 e) par mois et par utilisateur, MyApps, l’un des logiciels d’IBM, donne accès à des applications horizontales (notes de frais, demandes de congés). Pour disposer de modules complémentaires (MyAppsPlus), il faut compter 9 900 F (1 509 e) par mois et par utilisateur. Enfin, Sage, éditeur fétiche des TPE et PME, a rejoint Gest’net afin de séduire les entreprises de 4 à 30 salariés. Alain Saivet, p-dg de Gest’net, précise : “Moyennant 540 à 950 F (de 82 à 145 e) par mois et par utilisateur, l’entreprise accède aux produits de la ligne 30 et 100 de Sage. Le prix d’achat de ces logiciels variant de 13 à 20 kF (de 1982 à 3 049 e) pour 200 personnes, les sociétés amortissent leur acquisition en quelques mois de location. Car ces coûts n’incluent pas ceux, excessivement élevés, d’exploitation, de mise à jour des logiciels, de maintenance et d’évolutivité du système. C’est toute la différence entre l’achat et la location.” Erich Ochs, directeur général d’IDC, renchérit : “Les nouveaux marchés ASP ne se gagneront pas sur une simple comparaison des prix des applications en mode locatif mais sur les réponses à des besoins spécifiques du marché des PME dans le domaine des services. “
Gérer la relation clients
Au-delà de la gestion administrative, les offres ASP se diversifient vers la gestion de la relation clients. Microsoft, France Télécom, Prologue Software et Intelligent Sales Objects proposent ainsi une solution de suivi de l’évolution des ventes et de pilotage des réseaux de distribution commerciale. Jacques Baudoin, consultant et vice-président de The Concours Group, est affirmatif : “Mettre en place un outil de gestion de la relation clients est souvent long et difficile, et demande du temps et de l’énergie. Recourir à un ASP est donc tout à fait intéressant. Mais attention au contrat ! Il doit prendre en compte de nombreux paramètres tels que la mise à jour des logiciels, l’évolutivité de la solution en fonction de la croissance de l’entreprise, l’évolutivité de l’infrastructure de l’hébergeur et enfin, celle des prix. Il peut être vivement utile de faire appel à un professionnel pour rédiger un contrat de location.” Par ailleurs, le Gartner Group estime à plus de 60 % le nombre d’entreprises mondiales qui externaliseront tout ou partie de leur messagerie électronique en 2001. Un marché où les offres sont légion. Ainsi, Hewlett-Packard a signé avec Outrade.com afin de développer un outil de gestion de messagerie. Lotus, quant à lui, a enrichi son catalogue d’une solution de gestion de messagerie et de groupware. Enfin, ContactOffice propose, depuis son site, un agenda en ligne et un centre d’affaires.
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