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L’iSCSI remet en cause les réseaux Fibre Channel

Le débat entre NAS et SAN est aujourd’hui troublé par l’intrusion du protocole iSCSI. Les acteurs des réseaux de stockage et des réseaux de données IP pressentent tantôt un danger, tantôt une occasion à saisir.

Le futur des réseaux de stockage semblait clair il y a encore un an. La norme Fibre Channel leur servait de base. Une nouvelle infrastructure devait s’installer en parallèle des réseaux IP et Ethernet existants. Les NAS (Network attached storage) ne constituaient qu’une étape ou une technologie d’appoint. De vastes projets de déploiement de SAN (Storage area networks) sont venus confirmer cette vision. Mais nombre d’entreprises ont préféré se référer aux NAS, quitte à leur dédier un réseau fédérateur en Gigabit Ethernet. La perspective d’un débit dix fois plus élevé sur Ethernet est venue conforter cette approche.Entre alors en scène l’iSCSI, nouvelle solution de remplacement du Fibre Channel. Immédiatement, Cisco Systems, leader des réseaux de données, entend profiter de ce regain d’intérêt pour IP et se positionner dans le monde du stockage. Brocade, leader des commutateurs Fibre Channel, s’arc-boute, quant à lui, sur ses positions. Des poids lourds comme IBM et Network Appliance s’adaptent, de leur côté, à la nouvelle donne en jouant sur plusieurs tableaux.Peut-on abandonner le Fibre Channel au profit de backbones en Gigabit Ethernet, voire en 10 Gigabit Ethernet, entièrement dédiés à l’iSCSI ? Curieusement unanimes, détracteurs et partisans de ce nouveau protocole font un même constat. Ils évoquent ?” ou admettent ?” que les implémentations logicielles de l’iSCSI sont encore très pénalisantes sur le plan des performances.

Des avis partagés quant à l’avenir de l’iSCSI

De futures mises en ?”uvre matérielles pourraient toutefois gommer les inconvénients de l’iSCSI. Mais, selon qu’on s’adresse à Cisco, à IBM ou à Brocade, l’analyse des conséquences se révèle différente. Selon Paul Trowbridge, responsable marketing chez Brocade, ” l’iSCSI ne parviendra pas à maturité avant trois ans, tant du point de vue des performances que de celui des coûts et de l’interopérabilité entre les baies et les cartes des divers constructeurs. Le Fibre Channel, qui a déjà parcouru une bonne partie du chemin, aura, d’ici là, constitué une base installée importante auprès des grandes entreprises. Celles-ci n’auront alors aucune raison de changer d’infrastructure “.De son côté, soucieux d’attraper enfin le train des réseaux de stockage, Cisco hésite à peine à considérer l’iSCSI comme une autre solution face aux SAN traditionnels. “Le Fibre Channel n’est certes pas encore mort, mais il pourrait être sérieusement menacé par l’iSCSI si les spécialistes du stockage le mettent massivement en ?”uvre”, affirme Bernard Zeutzius, responsable produit pour le stockage en réseau chez Cisco. Et d’ajouter : “Pour l’instant, IBM est le seul constructeur de baies à avoir lancé un sous-système de stockage, mais les autres y pensent.”Pour l’heure, Cisco admet que l’iSCSI ne répondra d’abord qu’à des besoins spécifiques. IBM affirme exploiter ce créneau encore étroit, en brandissant l’argument de l’infrastructure unique, basée sur IP et Ethernet. “Pour l’instant, la technologie iSCSI s’intercale entre le SAN et le NAS, et s’adresse essentiellement au segment des PME-PMI, qui ont souvent renoncé au Fibre Channel face à la nécessité de déployer une nouvelle infrastructure. Mais l’iSCSI pourrait aussi cibler des grands clients, soucieux de raccorder à moindre coût certains serveurs distants à un fédérateur Fibre Channel existant”, affirme Dominique Barbier, responsable ventes stockage chez IBM. Chez Brocade, on ne nie pas l’existence d’un créneau pour l’iSCSI tout en le réduisant à une simple niche, à l’instar de FCIP, une technologie à laquelle Brocade collabore avec Cisco. Mais l’alliance est purement tactique.

Vers une fusion du SAN et du NAS

“Il existe une demande pour relier des SAN distants via un réseau IP, sans pour autant que cela ne devienne un protocole dédié au stockage”, confirme Paul Trowbridge. Même si Dominique Barbier va jusqu’à évoquer une possible victoire de l’iSCSI sur le Fibre Channel, IBM préfère jouer sur plusieurs tableaux, y compris celui des NAS. ” Il n’y aura pas de guerre entre le SAN et le NAS. Ces derniers restent nécessaires pour offrir des services de fichiers à des groupes de travail”, estime-t-il. De l’avis général, les deux concepts vont d’abord cohabiter, puis fusionner. Ou plutôt, selon Brocade, le NAS se diluera dans le SAN. “Les serveurs de fichiers vont se scinder en deux parties : l’une, dédiée au traitement des protocoles NFS ou CIFS (Common Internet file system), sera confiée à un serveur spécialisé ; l’autre, correspondant aux ressources de stockage, sera puisée sur le SAN.”Le NAS sollicitera aussi le SAN pour la sauvegarde des fichiers qu’il héberge. Network Appliance a longtemps limité son discours à une telle synergie. Mais, aujourd’hui, il s’engage aussi dans la voie du DAFS, qui poussera encore plus loin la convergence. ” Nous proposerons des baies accessibles en mode Fichier, aussi bien via un réseau IP pur que par l’iSCSI ou le Fibre Channel, voire l’InfiniBand. Le débat entre SAN et NAS, qui auront alors entièrement fusionné, sera obsolète”, conclut Alain Gauthé, directeur du marketing chez Network Appliance.

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Thierry Lévy-Abégnoli