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Business en bref
L’irruption prudente du débat technologique dans le programme des candidats
12 avril 2002 à 00:00
Pour la première fois, les nouvelles technologies de l’information apparaissent dans les propositions électorales. Faute d’audace, c’est le bon sens et le consensus qui prévalent sur les quatre thèmes majeurs.
Élection présidentielle : Brevets logiciels : un refus quasi unanime, même si les raisons diffèrent Une grande majorité des candidats se prononce contre les brevets logiciels. A l’extrême gauche, la LCR prend fait et cause pour le logiciel libre et contre les brevets. Au parti socialiste, si l’on critique l’application des brevets actuels au logiciel en raison des délais d’obtention et de la durée de la protection, on s’interroge aussi sur la façon de ” tracer la ligne de partage entre procédé logiciel et méthode intellectuelle “ . Tout en rappelant que le logiciel bénéfice déjà d’une protection juridique significative. On préconise de refuser la brevetabilité tant qu’il ne sera pas prouvé qu’elle favorise l’innovation. Chez les Verts, il ne saurait être question d’” enfermer la connaissance dans une logique de marché “ , cette démarche étant qualifiée de ” suicidaire à très court terme “ .
Démocratie libérale développe un argumentaire complet, concluant que la brevetabilité, inapplicable et pénalisante, va à l’encontre du credo libéral de la formation. Le RPR, prudent, considère qu’il faut pouvoir breveter les logiciels, même s’il faut aider à la promotion des logiciels libres. L’impossibilité de breveter équivalant à pénaliser la créativité, y compris en termes d’emploi et d’activité.
Notre analyse
Élection présidentielle : Administration : sans internet, point de salut pour réformer l’État Donner une meilleure information à tout moment, améliorer le dialogue entre fonctionnaires et administrés, développer les téléprocédures. En matière d’administration, les candidats vénèrent de la même manière les atouts d’internet, principal moyen de réformer l’Etat. Reprenant ces trois axiomes, leurs programmes diffèrent donc peu. Jacques Chirac voudrait ” une multiplication des terminaux internet dans des lieux publics, bureaux de poste, mairies “ . Jean-Pierre Chevènement mise sur la signature électronique, ” afin de généraliser l’usage des e-mails dans la correspondance administrative “ . François Bayrou veut en finir avec la paperasserie : ” Au siècle de l’électronique, c’est une contrainte dont on peut sortir. “ Plus disert, Alain Madelin plaide pour une nouvelle organisation sociale : non plus de type pyramidal ou mécanique, mais vivante, auto- organisée et autorégulée. Un seul candidat pense à plus de technologies : Lionel Jospin, qui plaide en faveur du passage à des solutions libres pour les outils bureautiques. A ses yeux, ” tous les développements réalisés par ou pour les administrations devraient également être systématiquement placés sous licence libre “ .
Notre analyse
Élection présidentielle : Télécoms : une démagogie à haut débit De l’internet rapide partout et pour tous : tous les candidats font cette promesse. Si Lionel Jospin ne se prive pas de mettre en avant les processus engagés ?” utilisation du réseau électrique, prêts de la Caisse des dépôts aux collectivités locales ?”, il rejoint Jacques Chirac sur les moyens à mettre en ?”uvre. Tous deux proposent de faire baisser les tarifs du dégroupage pour stimuler la concurrence dans le DSL, renforcer les pouvoirs du régulateur ou inciter les collectivités à déployer des infrastructures. Lionel Jospin rappelle son objectif ambitieux d’un accès à 2 Mbit/s pour chacun d’ici à 2005. Ce que Jean-Pierre Chevènement juge ” irréaliste techniquement “ . Des clivages gauche-droite apparaissent quand même. Jean-Pierre Chevènement propose que le haut débit entre dans le cadre du service universel, qu’assume France Télécom. Pour Alain Madelin, les politiques ne doivent pas se mêler de ce dossier. Sauf à abaisser toutes les barrières entravant la concurrence. Corinne Lepage invoque des défiscalisations à tous crins. Robert Hue estime que les régulateurs doivent s’ouvrir à la société civile, pour éviter un ” tête-à-tête entre industriels, Etat et hauts fonctionnaires “ .
Notre analyse
Élection présidentielle : Innovation : la panne des idées C’est dans le monde très technique de l’innovation et de la recherche que le débat politique sur les technologies de l’information peine le plus à se détacher du slogan. Lionel Jospin évoque le nécessaire effort public en faveur de la recherche et du développement pour faire grimper la France dans le train de ” l’économie numérique “ . Mais il s’en tient au classique accompagnement financier des créateurs d’entreprise et au soutien d’” initiatives sur la recherche relative aux nouveaux usages des technologies “ . Idem pour Jacques Chirac. Ses conseillers reconnaissent que la recherche, en retrait en France, pose un ” problème de mobilisation “ et qu’il ne faut pas décourager le ” chercheur créateur d’entreprise “ . Mais pas de mesures réelles tenant compte de la spécificité de la high-tech. Une proposition cependant pour les jeunes pousses : supprimer toute taxe avant le premier euro de chiffre d’affaires. Jean-Pierre Chevènement évoque le modèle américain de financement de la R&D par le budget de la Défense. L’Etat s’engage à soutenir la high-tech et la recherche au travers de ” grands projets d’intérêt national “ . Objectif : ” Mener une réelle politique industrielle. “
Notre analyse
Élection présidentielle : Ils ont dit… Jean Pierre Chevènement Mouvement des citoyens
” Nous aiderons, grâce à des fonds publics, la création et le développement de revues scientifiques gratuites en ligne. “
Jacques Chirac Rassemblement pour la République
” Beaucoup trop de Français n’ont pas accès au haut débit. Il faut engager dans ce domaine une action très forte, qui suppose de renforcer la concurrence. “
Robert Hue Parti communiste français
” Pour être démocratiques et efficaces, [les instances de régulation des télécommunications et de l’audiovisuel] doivent comprendre des représentants des syndicats, des associations et être sous contrôle parlementaire. “
Lionel Jospin Parti socialiste
” Je veux que la France devienne l’économie numérique la plus dynamique d’Europe et qu’elle contribue à l’invention d’une société en réseau, libre, ouverte et solidaire. “
Alain Madelin Démocratie libérale
” On doit favoriser la liberté, la concurrence et mettre le moins de freins possible sur le chemin du haut débit. “
Noël Mamère Les Verts
” Enfermer la connaissance dans une logique de marché, c’est nier l’essence même du savoir, qui s’inscrit dans une logique d’accumulation, de partage et d’échange. “
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Philippe Davy, Hubert d'Erceville, Guillaume Deleurence et Andrée Muller