Ce vendredi, le Nasdaq va pouvoir se remémorer les clichés de la nouvelle économie. Non sans un soupçon de gêne. C’est en effet le jour qu’a choisi Paypal, une jeune pousse de paiement en ligne, pour entrer en Bourse.Paypal doit sa notoriété au marché créé par eBay. Le système de paiement par e-mail de la start-up est devenu le principal moyen pour les utilisateurs du site d’enchères de régler leurs achats. Comptant le Crédit Agricole parmi ses investisseurs, la société a utilisé le marketing viral pour croître : pour recevoir de l’argent d’un client Paypal, il faut nécessairement ouvrir un compte Paypal. Cela explique sans doute que la société revendique désormais dix millions d’utilisateurs à fin septembre 2001.Comme à la grande époque d’Internet, la place de numéro un, ici sur le marché du paiement en ligne, ne tient pas à la qualité du modèle économique. Paypal perd de l’argent et ne sait d’ailleurs pas quand apparaîtront les premiers bénéfices. Sur les trois premiers trimestres 2001, la société affiche 89 millions de dollars de perte pour un chiffre d’affaires de 64 millions.
Une situation juridique explosive
Pire, l’existence même de Paypal est sujette à caution. Pas tant à cause des plaintes pour violation de brevet déposée par CertCo et, peut-être, Tumbleweed. Mais parce que ses pratiques financières déplaisent. Ne se définissant pas comme un prestataire de services financiers (en dehors de la Californie), Paypal refuse de se soumettre à toute régulation de son activité.Son prospectus d’introduction en Bourse est ainsi une succession de caractéristiques pouvant lui valoir amendes et procès :
?” jugeant excessifs certains frais soutirés aux utilisateurs, Visa et Mastercard pourraient retirer leur agrément ou mettre Paypal à l’amende.
?” le transfert de fonds vers des comptes à l’étranger est interdit, dans l’attente de la délivrance d’une licence de l’état d’origine de Paypal, la Californie.
?” Paypal a bien demandé à 18 états américains de lui fournir une licence d’opérateur de services financiers, mais seuls trois ont donné leur accord. La Louisiane, elle, demande l’arrêt des activités de Paypal sur son territoire, sous peine d’amende.
?” Paypal a beau affirmer ne pas être une banque, les états de New York et de Louisiane, peut-être suivis de la Californie et du Colorado, pensent le contraire. Voilà encore une source de procès et d’amende.Rarement document d’introduction en Bourse aura été aussi ravageur. En refusant le statut bancaire, Paypal s’assure des ennuis sans fin. A moins de succomber au nouveau cliché de la nouvelle économie, celui de la start-up rachetée par la société bien établie.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.