Passer au contenu

L’investissement reprend du tonus

Bilan mitigé pour le capital-risque européen en 2001. Si les fonds investis ont chuté, les sommes levées atteignent 31,4 milliards d’euros. Mieux qu’en 1999. Et 2002 verra un retour à la normale.

“L’année 2002 verra un retour à la normale des investissements en capital-risque.” Philippe Collombel, directeur associé de Partech International, une société gérant 1 milliard d’euros, résume le consensus qui règne dans la profession. Après l’atonie de 2001, les bailleurs de fonds devraient reprendre le chemin des investissements. Mais il convient de relativiser la médiocre performance enregistrée en 2001, dont les chiffres de l’étude conjointe de Venture Economics, de l’European Private Equity et de la Venture Capital Association (EVCA) donnent la mesure. Investissements et levées de fonds, les deux indicateurs majeurs, ont certes chuté sensiblement. Et en termes de rentabilité, l’année a aussi été délicate, affichant un taux de rendement négatif de 0,9 % par rapport à 2000. Phase la plus aventureuse du métier, l’early stage?” l’amorçage et le premier tour de table ?” est, sur ce plan, le plus touché, en terme de rentabilité, avec un taux négatif de 8,9 %. Pourtant, si les variations sont négatives, le montant brut des fonds levés a de quoi adoucir la déception. Alors que les investisseurs avaient soigneusement indiqué, tout au long de l’année, leur très grande peine à lever des fonds, les statistiques de l’EVCA révèlent que sur le Vieux Continent 31,4 milliards d’euros ont été finalement réunis. Moins qu’en 2000 (48 milliards), mais mieux qu’en 1999 (25 milliards). “En gros, le gâteau a été divisé par deux de 2000 à 2001, mais il avait été multiplié par quatre entre 1997 et 2000”, rappelle Jacques Garaialde, l’un des dirigeants de Carlyle, qui constate aussi, au-delà des chiffres, la nouvelle appétence des chercheurs de l’Hexagone pour la création d’entreprise (laboratoires, biotechs, etc.). “Modérons notre déception. Pour notre part, nous retrouverons notre rythme historique, avec dix à douze opérations en France sur l’année, tant dans l’early stage que dans les tours suivants. Les indices macroéconomiques s’améliorent : la croissance reprend aux États-Unis, comme en Europe. Ces bonnes nouvelles devraient se répercuter largement sur les LBO [rachat par effet de levier, ndlr], et profiter à quelques secteurs du capital-risque : les biotechs auront encore le vent en poupe, tout comme les logiciels d’entreprise. En revanche, les télécoms ne devraient pas bénéficier d’une reprise avant 6 à 12 mois “, confirme Eddie Mishari, directeur associé chez Apax Partners. À ces raisons de fond, tenant à la santé économique générale, s’ajoutent des éléments techniques militant pour une stabilisation.

De multiples opérations

Principal argument, l’afflux probable de nouveaux capitaux. Le capital-risque pourrait constituer un nouveau support d’investissement pour les produits d’épargne liés aux retraites. Les compagnies d’assurance, principaux vecteurs de cette nouvelle épargne, pourraient en effet investir dans le capital-risque entre 7 à 8 % du capital de leurs clients, selon les estimations des professionnels du secteur. De même, le premier semestre de l’année devrait bénéficier du report des opérations de l’année passée, stoppées net par les événements de septembre. À cette époque, le manque de visibilité sur les performances des entreprises avait gelé temporairement les investissements. Le capital-risque a ainsi été touché de plein fouet au quatrième trimestre, tandis que les architectes de LBO renégociaient leurs dettes auprès des banques.Du côté des rendements, il faut, là aussi, tempérer les mauvais chiffres du cru 2001. “Sur le long terme, le taux de rendement d’un grand fonds européen avoisine les 30 %, soit beaucoup plus que celui d’une société cotée”, rappelle-t-on chez Partech. Surtout, cet indice-là varie fortement en fonction des performances. “Il faut se méfier des statistiques, être conscient des différences de rendement d’un fonds à l’autre. Les écarts dans le capital-risque sont encore plus sensibles que dans les autres activités du “private equity” d’un fonds à l’autre. Le capital-développement est surtout un métier d’ingénierie financière, tandis que dans le capital-risque, il s’agit d’anticiper les tendances, de prévoir l’évolution des technologies et des marchés, et de faire appel aux compétences et aux savoir-faire sectoriels des hommes. Cela s’apparente à un métier d’industriel”, avertit Raffy Kazandjian, président du directoire de CDC-Innovation Partners. De fait, le taux de rendement des fonds les plus performants frôle les 16 % sur l’année 2001, tandis que celui des moins compétitifs se limite à 5,5 %. Une amplitude qui explique pourquoi 2002 pourrait être une année de régularisation du financement et, dans ce cas, les bailleurs de fonds, eux, pourraient entrer dans un cycle plus mouvementé.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Hélène Puel et Jean-Michel Cedro