Passer au contenu

L’investissement éthique a son portail

Novethic.fr, portail d’informations et de placements financiers éthiques, vient de voir le jour. Financé par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le portail entend trouver l’équilibre fin 2003.

Danone, Moulinex, Marks and Spencer, Nike, Total, iBazar, Club-Internet… la liste des grands groupes industriels ou des start-up dénoncés par la presse pour leur manque de respect envers leurs salariés, les consommateurs ou l’environnement augmente tous les jours. Mais leurs cours de Bourse n’en subissent pas toujours les conséquences.Pour autant, les investisseurs ne prennent-ils en compte que des ratios financiers ? Peut-être pas.Depuis quelques années, de plus en plus d’investisseurs individuels et certains fonds de pension américains s’intéressent à ce que l’on nomme désormais ” l’investissement éthique “.En France, il existe aujourd’hui 37 fonds d’investissements qui répondent à des critères éthiques ou environnementaux. Mais l’information dans ce domaine est peu relayée par les médias financiers. Du plus, un certain flou subsiste autour des critères de définition de l’éthique en matière d’investissement.

Un site d’information et de conseils en placement

Dans ce contexte, un portail dédié tel que Novethic.fr trouve sa place dans le paysage Internet français. Financé par la Caisse des dépôts avec un fonds d’amorçage de 1,5 million d’euros, il se décline en quatre univers : l’information quotidienne, des portraits d’entreprises, une liste commentée des fonds de placement éthique ainsi que des conseils pour une vie pratique éthique (par exemple, ne pas consommer les produits d’une société dont la notation ” éthique ” est mauvaise).Le principe : donner une information objective sur les politiques sociales et environnementales des sociétés de l’indice SBF 120, tout en proposant aux professionnels ou aux particuliers d’investir dans les fonds dits ” responsables ” par l’intermédiaire de la société Véga finance.” Nous avons quatre sources de revenus : la vente de produits financiers éthiques aux internautes avec Véga Finance, la publicité et la communication institutionnelle, la vente de nos contenus à d’autres sites ou à des institutions, la publication d’études et de livres “, explique Jean-Pierre Sicard, président fondateur de Novethic et ancien collaborateur de la CDC.

2,5 millions d’euros de CA pour 2003

En ligne depuis une semaine, le site revendique déjà 13 000 pages vues. D’ici à la mi-2002, Jean-Pierre Sicard espère compter 500 000 pages vues par mois. Il a pour ambition 1 million de pages vues par mois à la fin de 2002, avec une moyenne de 10 pages vues par visite.Son chiffre d’affaires prévisionnel est de 1 million d’euros pour 2002, et 2,5 millions d’euros pour 2003, date à laquelle la start-up devra atteindre l’équilibre.” Le projet n’est pas gagné, mais il est crédible “, commente Yann Boaretto, président de CD-Kinéon, une filiale créée l’an dernier par la CDC et dédiée à l’accélération de projets. L’incubateur, qui loge et qui accompagne Novethic depuis ses débuts, compte également l’aider à boucler un second tour de table équivalent au premier (1,5 million d’euros).

Risque de conflits d’intérêts

Or, l’entrée d’investisseurs trop friands risquerait de déstabiliser le projet fondateur du portail. ” Nous sommes là pour nous assurer qu’aucune banque ne prendra le contrôle total de Novethic “, explique Yann Boaretto. En effet, si le Crédit Lyonnais, qui vient de lancer un fond éthique, ou toute autre banque, prenait le contrôle direct de la start-up, cette dernière ne pourrait plus garantir aux internautes une information fiable et objective.Ce risque mis à part, les critères d’éligibilté d’une société dans un fonds éthique posent d’autres problèmes. Le mouvement de notation éthique, qui vient des Etats-Unis, est fortement influencé par la culture anglo-saxonne. Ainsi, si les industries qui ne s’embarrassent pas de respecter la législation sur le travail des enfants sont éligibles, celles du tabac ou du jeu ne le sont pas.Un portail tel que Novethic peut donc aider particuliers et professionnels à prendre conscience de leur responsabilité sociale. Il risque cependant de promouvoir, avec force marketing, une culture du bon sentiment au détriment de considérations réellement éthiques en matière d’investissement.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Mélusine Harlé