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Linux joue dans la cour des grands

Entre rachat, partenariats et standardisation, la communauté Linux a profité de l’été pour s’affirmer et suscite les convoitises.

Malgré sa forte progression en termes de parts de marché l’an dernier, Linux n’est pas encore un système d’exploitation incontournable. Pourtant, les acteurs du monde Linux se sont donné les moyens de jouer dans la cour des grands en mettant acquisitions, partenariats et standardisation au programme de leurs travaux estivaux.Trois acquisitions ont marqué l’été 2000. La première, et la plus symbolique, a permis à Caldera d’unir sous une même bannière Unix et Linux (voir encadré). Reste à savoir si l’éditeur choisira d’intégrer les acquis de SCO dans le monde Linux ou si elle conservera un pôle Unix distinct pour certains marchés. Red Hat, de son côté, a renforcé sa position à la fois sur le marché de l’embarqué en faisant l’acquisition de WireSpeed, fournisseur de logiciels de communication pour système embarqué, et sur celui du e-commerce, avec le rachat de C2NET, développeur du serveur Web sécurisé Stronghold basé sur le logiciel Apache.Linux suscite les convoitises des constructeurs de PC. Lors du Linux World (du 14 au 17 août dernier à San Jose), tant Dell que HP ou IBM ont réaffirmé leur intérêt pour ce système d’exploitation. Ainsi, lors de son discours d’ouverture, Michael Dell a annoncé que 10% des serveurs vendus par sa société sont utilisés avec Linux et que le nombre de PC vendus avec Red Hat préinstallé a progressé de 500 % l’année dern- ière. HP a, quant à lui, annoncé qu’il faisait de Linux son troisième logiciel stratégique, à l’instar de Windows et d’HP-UX. De plus, les principales distributions de Linux (Caldera, Debian, Red Hat, SuSE et TurboLinux) sont en mesure de tourner sur l’ensemble de ses stations de travail et de ses serveurs. La société permettra également aux applications Linux de fonctionner sans modification sur HP-UX pour Itanium, le très attendu processeur 64 bits d’Intel.Néanmoins, c’est IBM qui reste le plus engagé dans le développement de Linux. Son engagement est tel que la société a même décidé d’abandonner son projet Monterey. Développé à l’origine en collaboration avec SCO, Intel et Sequent, ce système d’exploitation devait s’installer sur des plates-formes Intel (32 et 64 bits). A la place, IBM lance AIX RL, un système Unix qui tournera sur des plateformes Intel-64 bits et IBM PowerChip. Cet OS incorporera des technologies Linux aux côtés de développements issus de Monterey. AIX RL 5.0 devrait être disponible au dernier trimestre 2000.Enfin, Linux World a vu la création de la fondation Gnome, qui a pour objectif de faire de l’interface graphique Gnome (GNU Network Object Model Environment) le standard des différentes distributions Linux, de préférence à KDE (K Desktop Environment). La fondation rassemble des constructeurs (HP, IBM, Sun, Compaq), des développeurs de logiciels (Eazel, TurboLinux, VA Linux, Red Hat, etc.) et deux associations (Object Management Group et Free Software Foundation). Linus Torvalds lui-même a d’ailleurs reconnu que l’interface graphique de Linux devait être améliorée pour que Linux puisse s’imposer sur les ordinateurs familiaux aux côtés de Windows et de MacOS : ‘Windows demeure plus simple pour la plupart des gens.’ Il a également promis que la version 2.4 du noyau Linux sera disponible dès l’automne.

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Stéphanie Chaptal