J’aime bien consulter la météo sur Internet, histoire de savoir à quoi ressemblera mon prochain week-end. Jusqu’à présent, je me connectais au site de
Météo France, où je trouvais des prévisions à cinq jours relativement fiables.Seulement voilà : Météo France a choisi de faire payer ses services. Désormais, les prévisions gratuites ne couvrent que les vingt-quatre heures à venir. L’entreprise nationale s’est d’ailleurs fendue d’un communiqué de presse
pour justifier cette mesure.On y lit que ‘ Météo France présente un nouveau graphisme pour une meilleure lecture, […] ‘ Où est le bénéfice pour l’utilisateur dans tout ça ? Ces changements
ont-ils été demandés par les internautes, et fallait-il vraiment relooker ce site pour justifier le passage du gratuit au payant ?Ce que Météo France espère nous vendre ne me paraît pas plus complet que ce qu’elle nous offrait auparavant. Alors, pour savoir la couleur du temps, je me suis tourné vers un
autre site, qui propose, lui, des prévisions à quatorze jours (avec fiabilité décroissante, bien entendu) gratuites… Enfin, pour l’instant !Météo France n’est qu’un exemple, bien entendu. Mais il illustre une tendance qui tend à s’accélérer : la séparation d’Internet en deux familles, un domaine public gratuit et un Internet privé, dont les services seront payants.Le domaine gratuit, qui s’amenuise progressivement, voit sa qualité se dégrader. Les sites qu’on y trouve sont de plus en plus envahis par la pub. La protection contre le spam, les virus, les intrusions et les hackers est de moins en
moins garantie, faute de moyens financiers.Quant au domaine privé, sécurisé et bardé de protections en tous genres, il prospère, mais n’est plus accessible à tous. Le paradoxe est que la contribution que ces sites ‘ privés ‘ font payer aux internautes
sert en partie à leur assurer une protection contre tous les désagréments de l’Internet ‘ public ‘.Bien sûr, je force un peu le trait : de nombreux sites et services sont et resteront gratuits, notamment ceux que proposent les particuliers, plus soucieux de partager une passion ou leurs connaissances que de faire du profit.Quant aux entreprises, il fallait être naïf pour croire qu’elles continueraient longtemps à proposer des prestations gratuites sur le Web. Peut-être… Mais n’avez-vous pas l’impression que c’est Internet lui-même qui commence à se
dénaturer ?* Rédacteur en chef adjoint de L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 3 septembre
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