Passer au contenu

L’internaute intègre la chaîne de création musicale

Le site SellaBand.com finance la production d’albums par des contributions d’internautes. Sur le label en ligne Reshape-Music, c’est l’acheteur qui définit le prix de la musique.

Ce 21 juin, le groupe hollandais Nemesa de female fronted gothic metal (en gros, de ‘ métal gothique dont la chanteuse est une femme ‘) sort In control, son
deuxième album. Et il le doit… aux internautes. Après avoir signé avec un label local et sorti un premier disque en février 2004, Nemesa a décidé de jouer la carte d’Internet en s’inscrivant sur le site SellaBand.com. L’idée ? Faire
financer la production d’albums par les internautes en échange de contenus exclusifs mais aussi d’une rémunération.En France,
Mano Solo s’était lancé dans une aventure du même genre pour son album In the garden, paru en mars dernier. Mais SellaBand, fondé à l’automne 2006 par quatre
Hollandais, industrialise le concept. Nemesa n’est que l’un des 4 260 artistes qui y sont actuellement inscrits, mais l’un des six à être parvenus à sortir un disque.Pour cela, il lui a fallu rassembler le budget de 50 000 dollars fixé par le site. Sur SellaBand (en anglais : ‘ groupe en vente ‘), chaque artiste s’inscrit, crée sa page, se présente, avec
biographie, photos, liens vers un éventuel site Internet ou une page MySpace et, surtout, des démos. Pour chaque groupe, SellaBand émet 5 000 actions (share) de 10 dollars. En se basant sur les démos, les
parcours, les univers des artistes, les internautes choisissent de souscrire pour les uns ou les autres. Le site les appellent des Believers :
‘ ceux qui y croient ‘.Un groupe a donc besoin de 5 000 Believers détenant une action, ou de 500 qui en ont pris 10 chacun, ou de 250 qui en ont 20, etc. Sur la page de chaque artiste, une réglette permet de voir où en est le
niveau de souscription. L’Américaine Lucia Ima, par exemple, est à moins de 20 000 dollars. Un Believer a investi sur elle 100 dollars, un autre a mis 90 dollars, deux autres 50 dollars, encore deux
autres 30 dollars, le reste des sommes versées varie entre 1 et 25 dollars.

L’internaute choisit combien il veut payer

Rien n’est figé dans le marbre. Un internaute peut décider en cours de route de reprendre ses billes et de miser sur quelqu’un d’autre, de soutenir plusieurs artistes en même temps, voire ne plus miser sur personne. Dans ce cas, il
récupère son argent. En tout cas, une fois les 50 000 dollars atteints, il n’est plus possible de financer l’artiste. Celui-ci a gagné le droit d’enregistrer un disque en studio, avec des professionnels. Une nouvelle phase
commence.Les internautes qui l’ont soutenu recevront bien sûr le disque mais ce n’est pas tout. Trois chansons du CD seront disponibles en téléchargement sur SellaBand, gratuitement car financées par la publicité. Les autres titres seront vendus
50 cents dans la boutique en ligne du site, qui ouvre ce 21 juin. Tous les revenus générés seront partagés entre l’artiste, le site et les Believers. Même chose pour le produit des ventes du CD en ligne ou sur lors des
concerts.Au final, SellaBand n’est ni un label, ni un producteur, mais il est plus qu’un simple distributeur en ligne. A l’inverse, le site Reshape-Music.com, lancé en septembre 2006 par des Lillois, et mettant lui aussi l’internaute au
c?”ur de sa démarche, se définit comme un véritable label. La trentaine d’artistes disposant d’une page et d’un blog sur le site ont signé un contrat de promotion. ‘ Nous ne travaillons pas du tout en production, précise Jeff Caly, un des fondateurs du label. Nous travaillons avec des artistes autoproduits, qui se chargent parfois de leur graphisme, de
leur site Web. ‘
En revanche, Reshape-Music s’occupe de l’e-marketing : affiliation, référencement, podcasts… ‘ Certains ont déjà signé avec des labels traditionnels pour faire leur disque
et signent à côté une licence numérique avec nous. ‘
Le groupe Labo, par exemple.Reshape-Music assure aussi la distribution numérique. C’est là qu’intervient l’internaute. Le site propose une échelle de prix pour un maxi-numérique de cinq titres, l’album entier dématérialisé ou le CD, et l’internaute choisit combien
il veut payer. L’album numérique de Catch est ainsi proposé entre 6,69 et 11,19 euros quand le prix du CD de The Green Olive va de 12,59 à 17,09 euros. L’artiste reçoit une moitié des recettes, lautre va au site, qui reverse sa part à la
Sacem.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Arnaud Devillard