Faire en sorte que le Canada devienne un des pays les plus novateurs au monde. C’est en toute modestie l’objectif que le gouvernement d’Ottawa vient de fixer à ses concitoyens. Avec l’affirmation d’un principe tout simple : il faut se tourner vers l’innovation pour accroître la productivité. Pour traduire cette théorie dans la pratique, les autorités canadiennes viennent de mettre au point un programme national qu’elles ont baptisé “Atteindre l’excellence”(*).Bâti en quinze points, il rassemble les actions à mener pour améliorer l’exploitation des nouvelles technologies dans le pays. Avec sans cesse en ligne de mire, proximité géographique oblige, l’intention de rattraper le retard pris sur le grand voisin américain.
“Nos investissements en Recherche & Développement (R & D) sont nettement insuffisants par rapport à ceux des autres pays de l’OCDE, reconnaît Allan Rock, le ministre canadien de l’Industrie. Et, lorsque nous innovons, notre processus de commercialisation est aussi plus lent que celui de nos concurrents. Or, sans gains appréciables de productivité, nous ne pourrons pas supporter la concurrence mondiale.”D’où l’idée d’un plan de bataille pour réagir. Que prévoit-il ? Pour commencer, le gouvernement souhaite augmenter l’investissement en matière de R&D, qui ne représente pour l’instant que 1,8 % du PIB, contre une moyenne de 2,2 % dans les pays de l’OCDE et de 2,7 % pour les États-Unis.
Jusqu’aux petites villes
L’ambition d’Ottawa est de se classer, d’ici à 2010, parmi les cinq premiers États dans ce domaine, soit très loin de sa 14e place actuelle. Cette augmentation massive des budgets est supposée concerner la recherche tant privée que publique. Ce qui suppose l’allocation de moyens financiers supplémentaires.À titre indicatif, les investissements en capital-risque au Canada représentaient 3,7 milliards de dollars pour l’année 2001, soit près de 120 dollars par habitant. Dans le même temps, les États-Unis dépensaient quelque 206 dollars par habitant. Cette mise à niveau devrait passer par une meilleure couverture géographique du territoire canadien, notamment en incitant les sociétés de capital-risque à ne pas se limiter aux seules grandes agglomérations.Des bureaux de capital-risque pourraient être ouverts dans des villes de petite taille, afin de proposer leurs investissements à des épargnants qui, jusqu’à présent, n’ont pas été sollicités. Autre piste pour améliorer l’innovation dans le pays : élever le niveau d’étude de la population. Avec comme perspective, avant 2010, d’augmenter de 5 % par an, en moyenne, le nombre d’étudiants inscrits en maîtrise et en doctorat dans les universités canadiennes.
Appel aux talents étrangers
Autre option possible : favoriser la venue de talents étrangers. Une politique qui a déjà débuté. Ainsi en 2001, 250 386 immigrants sont entrés au Canada, dont 61 % faisaient partie de la catégorie dite “économique”, c’est-à-dire des travailleurs qualifiés, des hommes et femmes d’affaires. Et 44 % des nouveaux arrivants étaient titulaires d’un diplôme universitaire.“Mais je ne veux pas que cette stratégie devienne un rapport de plus sur une étagère d’une bibliothèque d’Ottawa, prévient Allan Rock. Il est donc prévu que nous rendions publics chaque année les résultats obtenus par rapport à l’échéance que nous nous sommes fixés en 2010.” Côté satisfaction, Ottawa peut se flatter d’être le pays du G7 doté du taux d’équipement à internet le plus élevé. Au sein de l’OCDE, seule la Corée du Sud le devance.En revanche, les connexions large bande sont encore à la traîne. “Pour l’instant, 78 % des collectivités canadiennes ne disposent pas encore de connexions haut débit “, reconnaît Michael Binder, le sous-ministre adjoint en charge de l’Industrie. Et pour ceux qui l’ont, on ne peut pas dire qu’une technologie prédomine : ADSL, wireless, câble se répartissent chacun quelques pour-cent du marché.
(*) Disponible en ligne à l’adresse : http://www.innovationstrategy.gc.ca/cmb/innovation.nsf/MenuF/CiblesInnovation
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