L’informatique linguistique semble sortir de l’ornière dans laquelle elle s’enlisait depuis des années. Les échecs dans ce domaine sont plus liés à des erreurs de gestion ou à de mauvais modèles économiques qu’à l’incapacité des technologies à résoudre des problèmes et à trouver de réels débouchés applicatifs.Tous les éléments sont rassemblés pour que les applications démarrent enfin. ” Les technologies se sont améliorées, elles ne sont plus réservées aux seules expériences de laboratoire, explique Laurent Balaine, CEO de la jeune société Telisma. De plus, les premières applications avaient été développées par des ingénieurs, c’est-à-dire sans aucun souci de l’ergonomie alors qu’aujourd’hui, des ergolinguistes travaillent à simplifier le vocabulaire et à améliorer les interfaces. “A tel point que des grands comptes comme la BNP pour son intranet, ou La Redoute pour son site de commerce en ligne n’hésitent plus à adopter des logiciels linguistiques, respectivement le Guide de LexiQuest et Intuition de Sinequa.Ces technologies dites ” linguistiques ” ne constituent pas une fin en soi, mais sont un moyen qui devrait améliorer sensiblement les performances d’applications comme la gestion de connaissances, la recherche d’informations dans de gros volumes documentaires, les interfaces vocales pour centres d’appels, la sécurité d’accès, etc. Le rôle de telles applications n’est plus de contraindre l’homme à parler comme la machine, mais de faire en sorte que la machine puisse apprendre à comprendre le langage courant.
Jeunes entreprises et poids lourds de l’industrie
Depuis la rentrée, les annonces se succèdent, tant de la part de sociétés existantes qui décident d’investir dans ce secteur prometteur que de start-up qui se créent pour industrialiser des travaux restés jusque-là dans les laboratoires. Dans la première catégorie, la SSII Neurosoft a décidé de se développer en ingénierie linguistique. Elle travaille à la mise au point d’un logiciel de tri automatique d’e-mails basé sur l’analyse sémantique. La société Unilog a, pour sa part, créé une filiale baptisée eZee, pour concevoir des applications vocales interactives.Mais il n’y a pas que de ” petits acteurs “. IBM a récemment renouvelé sa gamme de produits ” vocaux ” et l’a enrichie de nouveaux outils. En octobre dernier, le géant du logiciel a présenté les nouveautés dans la gamme WebSphere qui ajoutent des fonctionnalités de reconnaissance vocale et de synthèse de la parole à ses serveurs Web. Capables de fonctionner dans les principales langues (anglais, allemand, italien, espagnol, français, japonais, chinois), ces outils sont destinés à la consultation de données par téléphone ou via Internet.IBM lance aussi Embedded Via Voice, une gamme de composants logiciels embarqués destinés aux interfaces de commande-contrôle de différents dispositifs tels que PDA, téléphones mobiles ou portables. IBM compte un effectif de 400 personnes qui se consacrent exclusivement au développement logiciel linguistique. La société vise essentiellement les marchés des centres d’appels, des serveurs Web ou des opérateurs de téléphone. Mais elle s’adresse aussi aux constructeurs automobiles.
Recherche en langage naturel, commandes vocales, portails de renseignements, les applications sont multiples
Ainsi, Daimler-Chrysler commercialisera en 2003 une voiture intégrant la commande vocale d’IBM pour l’accès au téléphone, aux e-mails, à la localisation, etc. “Nos outils ne sont pas des produits à proprement parler, explique Nigel Beck, responsable du marketing pour la division Voice Systems. Ils sont destinés à être intégrés dans des applications ou des environnements.”Le géant ne voudrait pas passer à côté d’un marché des applications vocales et linguistiques que Kelsey Group évalue à 41 milliards de dollars en 2006 à l’échelle mondiale.Du côté des start-up, Telisma a été créée à l’été 2000 pour industrialiser les travaux menés par les labos du Cnet (Centre national d’études des télécoms) de France Télécom. La société vend son savoir-faire en technologie de reconnaissance vocale. Elle a choisi le modèle indirect, c’est-à-dire qu’elle s’adresse à des intégrateurs et à des partenaires. Elle fournit la technologie vocale de différents portails ou serveurs vocaux de France Télécom comme le 12 ou le 3220, portail de marques qui met l’utilisateur en relation avec l’entreprise nommée. Telisma devrait réaliser un chiffre d’affaires de 15 millions de francs en 2001, et prévoit de doubler ce chiffre en 2002 puis à nouveau en 2003.” De nombreuses maquettes sont en cours de validation chez nos clients, notamment pour remplacer les serveurs vacaux actuels, pour mieux aiguiller les gens qui contactent un centre d’appels ou pour servir d’annuaires internes aux entreprises et de standards automatisés “, détaille Laurent Balaine.Albert est un autre exemple de ces start-up. La société a développé un outil d’interface homme-machine qui fonctionne en sur-couche d’un système de recherche documentaire. Outre qu’il détecte les fautes de frappe ou d’orthographe, le système dAlbert apprend à reconnaître les utilisateurs et leur crée un profil. Il améliore ainsi au fur et à mesure le résultat des recherches.
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