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L’information, pas la com

L’absurde n’est-il pas de communiquer sur l’image de l’entreprise en pratiquant le barrage aux médias ? Preuve par l’exemple…

?” Allô, bonjour Madame, nous souhaitons venir photographier Monsieur XY, DSI de votre entreprise, et semble-t-il, cela pose problème…


 ?” Effectivement. Les choses ne se font pas comme cela chez nous. Ces demandes doivent passer par la direction de la communication, qui approuve ou pas les demandes d’interviews.


 ?” Nous comprenons, mais outre que Monsieur XY, nous le connaissons, sachez que l’article…


 ?” Justement. J’ai bien compris. L’article, m’a-t-on dit, porte sur des problèmes de refacturation interne, pas vraiment sur notre entreprise. Donc dans ce cadre, cela me paraît assez difficile.


 ?” Pour quelles raisons, plus précisément ?


 ?” Un problème de maîtrise de l’image de l’entreprise.


 ?” Ah, bon. Mais nous avons déjà interviewé Monsieur XY. Juste parce que c’est un professionnel et que nous pensions, qu’à ce titre, il donnerait un avis pertinent, susceptible d’intéresser ses confrères, et votre
entreprise, dans ce cadre, ce n’est pas tout à fait l’angle…


 ?” Justement !


 ?” Ecoutez, Madame, la photo permet de valoriser l’intervention de Monsieur XY dans la revue.


 ?” Oui je la connais, votre revue. Vous imaginez bien. Comme toutes les autres.


 ?” Alors, nous avons un petit problème…


 ?” Ok, exceptionnellement, je vais vous envoyer une photo. Et ça ira comme ça.


 ?” Mais, nous avons ?” nous ?” une politique image dans le journal, nous faisons travailler régulièrement une bonne quinzaine de photographes professionnels, sous le contrôle d’un service
iconographique de trois personnes et les instructions d’un directeur artistique. Tout cela représente un véritable investissement. Exceptionnel, du reste, dans notre type de presse.


 ?” Sans doute, mais je vous envoie une photo et ça ira comme ça.Fin de la discussion. La photo arrive, elle est du genre photomaton. Nous sommes stupéfaits. Quelle représentation de l’entreprise une telle photo peut-elle donner ?Cette histoire est vraie. Elle démontre, par l’absurde, l’intervention grandissante des services de communication des entreprises dans nos relations avec nos interlocuteurs au sein de ces mêmes entreprises. Cet exemple n’est pas
unique. Il est symptomatique de pratiques qui tendent à se généraliser. Le mois dernier, une interview de deux pages a ‘ sauté ‘ pour cause de
‘ relecture ‘ appuyée du service de communication interne d’un groupe. Pour ce numéro, nous n’avons pu franchir les barrages pour obtenir l’avis d’un DSI emblématique de l’industrie, qui connaît
pourtant bien 01 DSI. Pour le prochain numéro, nous sommes déjà prévenus de quelques difficultés.Comment travailler ? Avons-nous trahi l’un ou l’autre de nos interlocuteurs un jour, déformé ses propos de façon outrageante, entaché des réputations ? Nous sommes un journal dédié à des professionnels, destiné à exposer des
expériences et des pratiques professionnelles. Sommes-nous inutiles ?On ne peut s’entêter dans une démarche qui confond communication et information. De façon aveugle. Pour ne pas dire bornée dans certains cas, et totalement incompréhensible. Que la communication veuille prendre l’information en otage
constitue un véritable danger. La langue de bois est un cancer. Le risque est d’obtenir des discours totalement lissés, aseptisés ?” inutiles, en somme. Les commissaires politiques avaient disparu avec la fin des méthodes d’un système
abhorré. Doit-on craindre leur retour sous leur forme ‘ libérale ‘ ?

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Jean-François Ruiz