“Un technicien très pointu qui aurait pu, en 2000, prétendre à un salaire de 600 000 francs ne peut espérer que 350 000 francs aujourd’hui. L’état du marché est une variable déterminante pour expliquer les niveaux de rémunérations des ingénieurs”, remarque Alain Le For, expert en recrutement chez Al Partners.L’actuel ralentissement de l’économie peut, en effet, faire regretter aux ingénieurs le fort pouvoir de négociation salariale dont ils disposaient il y a un an. Mais cette variable n’est pas la seule.Les chercheurs de l’Insee, pour avoir passé à la moulinette l’enquête salaire 2000 du Centre national des ingénieurs et scientifiques de France (CNISF), ont relevé le poids des autres éléments influençant les émoluments des ingénieurs travaillant dans les sociétés de haute technologie ou dans les services.
Des salaires selon la notoriété de l’école
On apprend ainsi, dans cette étude, que seuls 35 % des ingénieurs high-tech sont issus d’écoles spécialisées en informatique. Un phénomène qui s’explique par la forte pénurie d’informaticiens durant l’année 2000. Les entreprises recrutaient alors tous azimuts des ingénieurs provenant non seulement d’établissements généralistes, mais aussi de formations scientifiques, comme la biochimie ou les mathématiques.L’enquête relève cependant que les niveaux de salaire dépendent moins de la spécificité de l’école (informatique ou non) que sa notoriété. Ainsi, les diplômés d’établissements comme Centrale Paris ou Polytechnique gagnent, au long de leur carrière, de 25 à 35 % de plus que ceux issus d’une école de catégorie moyenne.L’expérience, le niveau hiérarchique et la région d’implantation sont aussi des facteurs influençant les niveaux de salaire. Un ingénieur ayant vingt-six années d’expérience gagne en moyenne 85 % de plus qu’un débutant, dont le salaire atteint 217 000 francs en moyenne (voir première courbe). “L’expérience professionnelle est vraiment primordiale, commente Alain Le For. Surtout dans un secteur où l’évolution est très rapide.”Le choix d’une carrière managériale peut aussi s’avérer rentable. Les ingénieurs sans responsabilité hiérarchique (43,5 % des effectifs) sont ainsi les moins bien payés.En revanche, un responsable de service gagne 25 % de plus qu’eux, tandis qu’un manager ?” directeur général, de fonction centrale ou d’établissement ?” peut perce- voir jusqu’à 55 % de plus (voir deuxième infographie).
90 % de la profession ?”uvrent dans le privé
Un autre paramètre influent est la zone d’activité. Les 64,5 % d’ingénieurs travaillant en région parisienne sont les mieux rémunérés. Ceux qui exercent leur activité dans le Nord et le Sud-Ouest sont les plus défavorisés. Leur rémunération est, respectivement, inférieure de 18 et de 16,5 % à celle des Parisiens (voir graphique 4).Le secteur privé offre, quant à lui, des salaires supérieurs de 9 % en moyenne à ceux des secteurs public et semi-public. L’enquête note qu’il embauche 90 % des ingénieurs en informatique, dont près de la moitié travaillent dans des SSII. Celles-ci, en revanche, payent à peine mieux leurs ingénieurs que le public (voir graphique 3). Alain Le For explique la relative faiblesse de ces émoluments par “la volatilité de la main-d’?”uvre dans les sociétés de services informatiques, qui servent surtout de tremplin de carrière”.Reste que, même au cours de l’année faste 2000, le salaire moyen de l’ingénieur informaticien (329 000 francs) se situait en deçà de celui de l’ensemble des ingénieurs, toutes spécialités confondues (372 000 francs).
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