Pour certains, ce n’est qu’une simple évolution : “Les informaticiens “techniques” ne partent pas de zéro ! L’autoformation sur les technologies internet est parfaitement envisageable”, affirme Benoît Allais, gérant de la SSII Digilog. Pour d’autres, la reconversion n’est pas si simple : “L’adaptation au développement objet ne se fait pas en un clin d’?”il”, estime Franck Paugnat, technicien informatique.En effet, l’informatique industrielle recouvre un large éventail de profils, allant du développeur temps réel à l’électronicien proche du process. Ce dernier doit acquérir les bases elles-mêmes – celles de l’analyse fonctionnelle et de la construction algorithmique -, alors que le développeur temps réel a l’habitude d’aller au plus profond ; les mécanismes mentaux sont déjà là. “Les notions de temps réel sont utiles pour l’intégration voix-images, en vogue sur internet”, affirme Marc Colas des Francs, ingénieur de formation pour l’Afpa Ile-de-France.Ceux qui connaissent le développement devront simplement apprendre à manier les outils comme FrontPage, Dreamweaver, WebSphere, WebLogic et, bien sûr, les langages Java, HTML ou UML. Ils pourront alors devenir développeurs, administrateurs de bases de données, voire chefs de projet en apprenant à communiquer avec les graphistes et, surtout, avec les clients.
Un des obstacles au passage sur internet : l’entreprise elle-même
“Mais ils en ont souvent assez de “faire du code” ! remarque Yann Bresson, responsable du pôle Euromaster chez Citcom, filiale de France Télécom. Ils préfèrent se diriger vers des métiers d’organisation, de sécurité, voire vers les réseaux.” D’autant que la partie développement pur a tendance à disparaître au profit de l’assemblage de briques existantes – “Comme des Legos”, précise Ba Dang Van Tra, consultant à la Cegos. “C’est à ces personnes qui viennent de l’industrie d’apporter des concepts nouveaux, insiste Camille Aledji, directeur de l’Institut informatique et entreprise de la chambre de commerce et d’industrie de Valenciennes. Elles vont apporter plus de puissance de développement et réinventer de nouvelles organisations.” Une fois formée, la majorité d’entre elles trouve du travail dans cette voie – “Si elles acceptent de partir en région parisienne”, précise Luc Naceur, directeur de l’ENI.En fait, l’un des obstacles au passage sur internet des informaticiens de l’industrie est l’entreprise elle-même ! Pour ne pas perdre sa main-d’?”uvre temps réel, Airbus Industrie préfère ainsi sous-traiter ses projets internet. Or, les cycles industriels sont beaucoup plus longs que ceux de l’informatique de gestion : installer une centrale nucléaire à Macao signifie la maintenir et la faire évoluer trente-cinq ans durant. “L’employeur sera bien tenté de cantonner l’ingénieur dans une technologie qui deviendra obsolète”, explique Claude Vervaeke, ingénieur de formation à l’Afpa Grenoble. Quant aux SSII, tout dépend des projets en cours, évidemment. “On forme les gens quand on en a besoin”, déclare Philippe Bloquet, directeur de la formation chez Sema Group. “De toute façon, sans formation, ils partent encore plus vite”, poursuit Isabelle Jouanneau, responsable de la formation chez Brime Technologies. Des SSII plus philosophes que leurs donneurs d’ordres ?
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