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L’industrie de la musique tend loreille aux consommateurs

Le MidemNet 2008, qui s’est tenu les 26 et 27 janvier, a été l’occasion pour l’industrie musicale d’explorer divers modèles économiques. Avec, pour sujet central, le rôle et les envies du
consommateur.

Comment créer de la valeur ? Plus prosaïquement, comment gagner des sous et faire payer les consommateurs ? La question planait sur nombre de débats et conférences des deux jours de l’édition 2008 du MidemNet. Les
sujets habituels de ce préambule consacré aux nouvelles technologies précédant le Midem (Marché international de la musique), comme la lutte contre le piratage ou l’exploitation de musique par la téléphonie mobile, ont largement cédé du
terrain. Il faut dire que depuis l’an dernier, l’industrie musicale a comme une inspiration : il faut peut-être remettre le
consommateur au centre des réflexions.Signe des temps, des acteurs qui à une époque ont pu faire figure de trouble-fête sont quasiment des invités d’honneur : Janus Friis, cofondateur de Kazaa, Lawrence Lessig, l’un des créateurs du système de licence des
Creative Commons, Chad Hurley, cofondateur de YouTube (au centre de polémiques sur le respect des droits d’auteurs), ou encore Karlheinz Brandenburg, directeur du Fraunhofer Institute et co-inventeur du format MP3. Autant dire l’homme
par qui le scandale est arrivé…Pour la première fois,
Jamendo, plate-forme de téléchargement utilisant la technologie du peer to peer et proposant des
contenus en Creative Commons, a tenu une conférence de presse pour présenter son concept et décrire ce que sont ces licences dites ‘ libres ‘. En insistant bien : oui, on peut faire de l’argent hors du cadre des
droits d’auteurs classiques. Selon Laurent Kratz, responsable de la plate-forme, les paiements versés par les internautes (sur la base du volontariat) aux artistes se montent à 10 euros en moyenne. Sans compter les revenus issus de la
publicité.

La musique gratuite au coeur des débats

Ce MidemNet a mis en avant de nouveaux concepts, où le rôle de l’internaute est central. Comme le site
SellaBand, où les utilisateurs financent des artistes et peuvent toucher à terme une rémunération sur les ventes, Cellfish, qui
permet de créer des playlists et de les diffuser à d’autres par mobile, ou encore iLike, un réseau social autour de la découverte de musique. Tous ces services étaient présentés lors d’une table ronde à
l’intitulé explicite : ‘ Fans business ‘.Mais au fond, s’il s’agit de coller aux attentes du consommateur, quoi de plus séduisant que de ne rien lui faire payer ? Surtout quand des années d’usage du peer to peer l’y ont
habitué… Le débat sur la gratuité des contenus, financée par la publicité, s’imposait de lui-même. Le réseau social Imeem, le site We7 (qui a atteint le million de téléchargements en décembre 2007) étaient là pour défendre le
principe. Avec la plate-forme légale et gratuite de peer to peer QTrax, qui ouvrait officiellement pendant ce MidemNet.Il reste que les labels se méfient encore de la gratuité. ‘ Les attentes de l’industrie de la musique sont une chose, ce que peut leur apporter la publicité en est une autre ‘, a
reconnu le PDG de We7 Steve Purdham. Même constat de Ludovic Leu, directeur de la plate-forme MusicMe qui va bientôt proposer des écoutes gratuites. Selon lui, les conditions financières sont telles que
‘ le prix de la musique
est plus cher que le revenu de la publicité ‘.
Mais il reconnaît que le modèle est plus délicat à mettre en ?”uvre pour la musique que pour la vidéo où l’internaute est obligé de regarder son écran, donc la publicité
qu’on lui soumet. Les contenus sont donc plus faciles à monétiser.Côté consommateur, il y a évidemment moins de débat : ouvert dimanche matin, QTrax se fendait d’un message d’indisponibilité du service en page d’accueil l’après-midi, dû à l’afflux de connexions.

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Arnaud devillard (à Cannes)