La nouvelle économie n’est plus à la mode. Comme toujours, on brûle ce que l’on a adoré. Pourtant, jamais il n’est apparu plus clairement que, d’une part, la nouvelle économie était bien à l’origine de la formidable croissance qu’ont connue les États-Unis depuis 1995, et que, d’autre part, c’est bien cette nouvelle économie qui permet d’augurer le maintien d’une croissance américaine soutenue.Mais en même temps, elle fait planer une relative incertitude sur la croissance européenne.En fait, la nouvelle économie recouvre deux concepts différents. La première définition limite cette désignation aux seuls secteurs des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Rappelons, cependant, que les industries des NTIC représentaient seulement 8,2 % du PIB américain en 1998, contre 4,9 % en 1985. Le développement de ces domaines d’activité ne suffit pas à expliquer la croissance qui l’a accompagnée.La seconde définition, plus générale, affirme l’existence d’un nouveau modèle économique. Cette interprétation, qui associe la nouvelle économie à un nouveau modèle de croissance, provient d’une observation sur la conjoncture américaine. En effet, la performance économique des États-Unis et de quelques autres pays de l’OCDE, au cours de ces dernières années, se caractérise par une forte croissance non-inflationniste, un faible taux de chômage, et un rôle croissant des NTIC. Elle est aussi mesurée à l’aune de valorisations boursières toujours élevées, notamment dans les secteurs de pointe.Ce sont tout autant de facteurs qui se conjuguent pour donner le sentiment qu’un changement fondamental s’est opéré. En ce qui me concerne, la définition exacte de la nouvelle économie me semble un exercice hasardeux. Il est préférable de s’intéresser aux mécanismes caractéristiques de ce nouveau cercle vertueux. La croissance est, en premier lieu, stimulée par la confrontation entre une offre et une demande de biens et de services nouveaux.L’émergence d’internet rend possible la rencontre immédiate des offreurs et des demandeurs. L’évolution des gains de productivité autorise une croissance forte et non-inflationniste. Les coûts variables étant nuls, nous sommes dans une économie à rendement croissant. C’est là le point le plus important.La difficile valorisation des entreprises proposant des nouveaux biens et services dans un cadre macroéconomique pousse à la hausse de prix des actifs et génère des déséquilibres financiers. C’est ce qui rend les Bourses mondiales si volatiles. Le financement des investissements dans les nouvelles technologies crée un important besoin d’épargne. Et l’allocation de ces ressources financières se concentre sur les déploiements de nouveaux réseaux, notamment dans le domaine des télécommunications, tels que l’UMTS (Universal Mobile Telecommunications System).Cette allocation est relativement risquée, car nul ne connaît la rentabilité à venir de ces investissements. Ces quatre mécanismes résument les débats actuels sur la nouvelle économie. Le c?”ur même de la révolution en cours se situe, en premier lieu, au niveau des gains de productivité obtenus.En dépit du ralentissement de l’activité, les gains de productivité demeurent exceptionnels outre-Atlantique. C’est la promesse du retour rapide d’une forte croissance. En Europe, le diagnostic est plus incertain, les gains de productivité restant relatifs. Personne, aujourd’hui, ne peut affirmer que la diffusion des nouvelles technologies s’effectue de manière réellement productive sur le Vieux Continent.Et, si nous ne mettons pas en place les véritables politiques de diffusion de la nouvelle économie, notamment au niveau de nos systèmes d’éducation, de recherche, du marché du travail et de qualification de la main-d’?”uvre, nous ne pourrons pas obtenir l’équivalent de la décennie de croissance qu’ont connue les États-Unis.
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