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L’impermanence

Le changement est dans la nature des hommes… et des marchés. D’euphorie en sinistrose, internet invite à méditer sur l’impermanence des choses, et à rechercher de nouvelles règles de vie pour les entreprises.

Une première réponse consiste à chercher des repères. Pas facile, ce sont justement les repères qui manquent, et ce manque de visibilité est largement à l’origine du trouble des marchés. Certes les ” fondamentaux ” sont là : la croissance du nombre d’internautes et de l’utilisation d’internet ne se dément pas, le chiffre d’affaires du commerce électronique grimpe… indiscutablement, un marché considérable grandit tous les jours sous nos yeux.Pourtant les marchés financiers sont revenus à leurs niveaux de 1998 comme si rien ne s’était passé depuis trois ans. Sans doute ces paramètres de base ne sont-ils pas suffisants pour convaincre de la viabilité des entreprises du net.À la recherche de repères, les financiers se sont raccrochés pendant de nombreux mois à la notion de business modèles, un terme usé jusqu’à la corde par la langue de bois (la même langue de bois qui a brûlé ces mots tabous que sont devenus dot-com, nouvelle économie, burn rate…). Il s’agissait d’abord d’expliquer le service fourni par l’entreprise, son marché, ses revenus.L’incompréhension s’est nourrie de la fausse perception du business modèle : ce ne peut être qu’une feuille de route, et non les tables de la loi, parce que l’environnement change à toute vitesse. La réflexion sur le business modèle doit se focaliser sur d’autres fondamentaux : le service produit est-il capable d’attirer et de retenir des utilisateurs et des clients ? L’entreprise est-elle susceptible de tenir une position clé dans cette économie de flux ou le contrôle de la transaction crée la valeur ?Pour illustrer mon propos, nous avons chez Kelkoo un rôle d’intermédiaire entre cyberconsommateurs et vendeurs. Notre modèle de revenus initial faisait la part belle aux marchands en ligne. Nous avons plus de 400 e-marchands clients en Europe, mais nous savons que leur nombre ne croîtra pas indéfiniment.La croissance provient désormais d’une source non-prévue par le business modèle : les marques, qui découvrent l’intérêt du e-merchandising, la promotion de leurs produits au sein d’une telle plateforme. Du business modèle, je préfère donc retenir la capacité à fédérer une audience qualifiée, et à influer sur les transactions des consommateurs.Dans un marché aussi jeune et immature il ne faut pas seulement du terrain pour se déployer, il faut aussi du temps pour consolider. Une capacité à s’adapter à l’impermanence des choses. Et faute de repères indiscutables et durables, concentrons-nous avec persévérance sur l’essentiel : croire à ce que lon fait, pour transformer une dot-com en une entreprise profitable.(*) Président-directeur général de Kelkoo.com

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Pierre Chappaz*