Qui a dit qu’intérêts économiques et sociaux ne faisaient pas bon ménage en entreprise ? Certainement pas Patrick Vandamme, DRH et responsable de production chez Triselec, une société de tri des ordures du nord de la France.Créée en 1994, Triselec compte 210 salariés, dont 140 à la production. Pour le recrutement, ” on a misé sur le potentiel des gens plus que sur leur passé. Ainsi, on a embauché d’anciens toxicomanes ou d’anciens détenus “, raconte le DRH. Aussi la formation occupe-t-elle une place importante.Triselec consacre 8 % de sa masse salariale au budget formation. Face aux problèmes d’organisation des absences liées à la formation traditionnelle, Patrick Vandamme a mis en place, à partir de 1998, un programme de formation par visioconférences. Les cours de lutte contre l’illettrisme, basés sur le volontariat, ont pour leur part débuté en septembre 2000.Depuis janvier 2001, douze personnes sur les 8 % d’illettrés que comptent les équipes Triselec ont appris à lire et à écrire avec des formateurs du Centre régional de ressources pédagogiques, le C2RP de Lille, sur l’outil technologique de visioconférence de la société Aethra.” Nous sommes partis de l’idée qu’il ne fallait pas leur faire peur en introduisant la redécouverte de l’écriture par le décryptage des panneaux signalétiques de leur environnement de travail. “ Les salariés prennent un rendez-vous de deux heures chaque semaine avec un formateur spécialisé.A la clé, les salariés illettrés ne comptent pas forcément sur une amélioration directe de leurs conditions de travail : aucune promesse d’augmentation ne leur est faite. Leur motivation profonde vient d’une volonté de dépasser la honte de ne pas savoir lire et écrire. D’ailleurs, remarque le DRH, ” sur l’outil de formation professionnelle, ce sont les illettrés qui sont les meilleurs, car ce sont les plus observateurs “.D’autre part, une salle multimédia ouverte de 5 h 30 à 21 h 30 a été inaugurée fin juin. Des programmes de formation dédiés aux thèmes de la sécurité, de l’hygiène et de la qualité ont également été mis en place pour l’ensemble des salariés. Une base évolutive de 1500 photos numérisées de déchets les renseigne sur les consignes à suivre pour le tri.Et les résultats sont au rendez-vous, tant dans l’ambiance de travail que dans la productivité. ” Les anciens illettrés sont beaucoup moins agressifs qu’avant, et plus productifs aussi “, note le DRH.La société réalisait un CA de 41 millions de francs en 1999 pour un résultat brut de 4,5 millions de francs, contre un CA de 52 millions de francs, avec un résultat brut de 7 millions de francs en 2000.
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