En rachetant coup sur coup Transfert et Newbiz, deux titres-phares de la presse Internet, L’Ile des Médias entre bruyamment dans la cour des grands. D’une petite PME
créée en 1996, éditrice de sites Web (Marianne en ligne,
Nouveleco.com ou
Bodoï.com), elle est en passe de devenir un véritable groupe de presse mêlant Internet et édition papier. Une question demeure : le groupe dirigé par Renaud de la Baume n’a-t-il pas vu
trop grand ?Le rachat de Newbiz, pour un montant tenu secret, implique un investissement de 2 millions d’euros de la part de L’Ile des Médias pour la seule année 2002. Une somme qui engage une recapitalisation de la part des
actionnaires ?” Renaud de la Baume et Bruno Bonnell (PDG d’Infogrames) ?” et qui fragilise la structure. ” Nous allons faire attention, explique Renaud de la Baume, l’objectif est de mener
Newbiz à l’équilibre d’ici à fin 2002, début 2003 sans mettre en péril L’Ile des Médias. “Newbiz est un gros morceau pour la petite PME. Créé à parité par le groupe L’Express et le groupe Tests et lancé en juin 2000, le mensuel devait alors faire face aux projets concurrents comme les versions
françaises The Standard Europe, Business 2.0, et même le Red Herring qui envisageait un moment de lancer une édition européenne. La guerre n’aura pas eu lieu ?” krach boursier
oblige ?” et, finalement, Newbiz ne trouva face à lui que deux concurrents aux ambitions plus modestes : Futur(e)s et Transfert. Le magazine a néanmoins été dimensionné pour résister aux géants américains. Fort d’une équipe d’une trentaine de personnes, il affiche une diffusion payée OJD de 67 000 exemplaires, et aura réalisé 5,1 millions d’euros de chiffre
d’affaires en 2001. Le coût de fonctionnement est estimé à 7 millions d’euros pour 2002. Pour aider L’Ile des Médias, le groupe Tests et L’Express ont accepté de procéder à un accompagnement industriel ?” notamment sur la diffusion et les
abonnements ?” qui devrait alléger la charge pendant quelques mois. Renaud de la Baume s’est par ailleurs engagé à conserver les emplois des salariés de Newbiz.
Synergies ou économies à la marge ?
A terme, Renaud de la Baume envisage d’intégrer Newbiz à sa stratégie plurimédia, c’est-à-dire, par exemple, de coupler la vente d’espace publicitaire en ligne avec celle des pages du magazine.
“Une formule qui marche très bien pour Transfert “, précise-t-il.C’est d’ailleurs du côté du Web que la valeur ajoutée de L’Ile des Médias est la plus forte. “Nous disposons d’un véritable savoir-faire, tant sur les questions techniques que sur la gestion des coûts de diffusion en
ligne”, ajoute Renaud de la Baume. Ce qui signifie aussi que des titres comme Newbiz et Transfert pourront éventuellement partager leur contenu dans leur version on line, comme c’est
aujourd’hui le cas entre Transfert et Le Nouvel Economiste ou
Overgame.Une pratique qui permet de réduire les coûts tout en maintenant le périmètre du chiffre d’affaires. La recette pourra-t-elle fonctionner avec Newbiz ?” Si la croissance de Newbiz est favorable, nous conserverons le titre jusqu’en 2003, quitte à remettre au pot pour atteindre l’équilibre. Mais si les ventes baissent, on arrête tout. ” En somme, il
faut que le titre conserve son potentiel de croissance tout en s’inscrivant dans une stratégie qui risque de le dénaturer.C’est le vrai pari que prend Renaud de la Baume. Bâtir un groupe de presse dont l’origine plurimédia constitue un point fort et non un facteur de risque. Le chiffre d’affaires 2002 est attendu aux alentours de 9,5 millions d’euros.
Cependant, le périmètre 2002 de L’Ile des Médias n’est pas encore figé puisqu’une autre acquisition est prévue dans les mois qui viennent.” Nous profitons de la stratégie de repli des grands groupes de presse. Pour nous, jeunes PME du secteur, c’est une aubaine à saisir “, conclut Renaud de la Baume.
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