Le projet Libra est dans le collimateur de l’Union Européenne (UE). Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances français, l’un des plus fervents détracteurs de la crytpomonnaie de Facebook, ne rate aucune occasion de marteler son opposition.
Un acte « d’affirmation de souveraineté européenne »
« Nous sommes opposés au projet Libra parce que nous ne voulons pas que les géants du numérique étendent de plus en plus leur influence à des nouveaux champs de compétence », a-t-il déclaré en marge d’une réunion interministérielle européenne. Avant d’abonder : «Nous ne voyons pas ce qui légitime l’entrée de ces géants du numérique dans un champ de compétences des États c’est-à-dire la monnaie ».
Selon les mots du ministre, l’Europe « doit être une puissance monétaire qui affirme la puissance de l’euro contre les volontés d’un certain nombre de géants du digital de proposer des monnaies digitales privées ». C’est pourquoi, il faut « impérativement regarder les garde-fous, les contrôles indispensables à la mise en place de tout projet de ce type-là ».
« Je me réjouis donc que cette position que nous avons défendue depuis le début avec le ministre des Finances allemand soit désormais reflétée dans une déclaration commune aux 28, une déclaration du Conseil signée également par la Commission européenne », a affirmé le ministre français, qualifiant cette décision « d’acte politique majeur » en tant « qu’affirmation de souveraineté européenne ».
Bientôt, une cryptomonnaie européenne ?
Cependant, Bruno Le Maire n’a pas manqué de souligner les failles de la politique monétaire européenne mises en évidence par la Libra. « Nous reconnaissons très volontiers qu’il y a là un champ de travail indispensable pour les États. » Et le ministre n’exclut pas la mise en place d’une cryptomonnaie publique, affirmant être « prêts également à réfléchir à une monnaie digitale publique, même si c’est un projet qui s’inscrit forcément dans le très long terme ».
Inoffensive face aux États-Unis et à la Chine, l’Europe tente d’exister dans le champ numérique en jouant la carte du régulateur. Après « l’exemple » du RGPD, les ambitions européennes s’inscrivent moins dans l’innovation technique que dans le renforcement de la souveraineté numérique. «L’échec, c’est le digital, a avoué le ministre français. Il n’y a aucun champion digital européen et nous sommes condamnés à utiliser les champions américains. On veut refaire la même chose sur l’intelligence artificielle ? […] Il en est hors de question. » Le ministre a pris l’exemple d’Airbus, champion européen de l’aéronautique dans le « respect de la concurrence ».
Partout dans le monde, la levée de boucliers contre la monnaie Libra est féroce. Même aux États-Unis. Face à ces tensions, Kevin Weil, chargé du développement de la cryptomonnaie chez Facebook, a tenté de calmer les tensions. La monnaie virtuelle « ne se propagera pas [à la vitesse] d’un réseau social. Ce sera un travail non pas pour des années, mais pour des décennies », estimant tout de même que « cela en vaut la peine ».
Source : Ministère de l’Économie et des Finances
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