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Libra : Facebook affirme que la diffusion de sa cryptomonnaie prendra « des décennies »

Facebook prête allégeance aux régulateurs monétaires : la Libra ne sera lancée que si, et seulement si, les États donnent leur accord. Et cela prendra du temps. 

À l’occasion du Web Summit, qui se déroule à Lisbonne, Facebook revoit ses ambitions à la baisse sur la Libra. Il va finalement falloir « des décennies » pour créer et diffuser cette monnaie numérique, a affirmé, mardi 5 novembre, l’un des cadres de Facebook. Le projet, initialement prévu pour 2020, ne sera lancé que lorsque la Libra aura reçu le feu vert des autorités et régulateurs, et que l’association en charge de son développement, qui compte aujourd’hui 21 membres, en dénombrera 100.

Un pas en arrière pour la Libra

La Libra « ne se propagera pas [à la vitesse] d’un réseau social. Ce sera un travail non pas pour des années, mais pour des décennies, mais cela en vaut la peine », a expliqué Kevin Weil, chargé chez Facebook du développement du porte-monnaie virtuel Calibra, lors d’une conférence.

https://twitter.com/hitomihamaba/status/1192005698206478337

Le projet fait face à d’importantes réticences, voire à des rejets purs et simples, de la part de nombreux gouvernements à travers le monde, qui y voient une menace pour la souveraineté monétaire des États. Les risques encourus en matière de blanchiment d’argent et de protection des données personnelles des utilisateurs sont également évoqués.

Mark Zuckerberg a rétrocédé devant le Congrès

Auditionné le 23 octobre par les sénateurs américains, le patron de Facebook Mark Zuckerberg avait laissé entendre qu’il était prêt à recentrer les ambitions du projet sur un système de paiement plutôt qu’une monnaie à part entière. Il avait même laissé entendre qu’il pourrait y renoncer. 

« Toutes les innovations survenues depuis cent ans […] ont suscité des tonnes de résistances et des titres de presse comme nous avons vu sur la Libra. Tout va bien, c’était attendu », a voulu rassurer Kevin Weil.

700 milliards de dollars en transit

Facebook reste néanmoins certain du bénéfice futur de la Libra. L’entreprise assure que la cryptomonnaie pourrait contribuer à faire baisser les coûts des transferts d’argent dans le monde et ainsi faciliter l’accès aux services financiers pour les personnes exclues des circuits bancaires traditionnels, notamment les migrants qui envoient de l’argent à leur famille.

« Il y a chaque année 700 milliards de dollars qui changent de mains dans ces transferts. La commission moyenne est de 7%, donc vous avez 50 milliards de dollars annuels qui doivent être payés par les personnes qui en ont le moins les moyens », a fait valoir le chargé du porte-monnaie Calibra.

La gestion de la future monnaie numérique a été confiée à l’association Libra, un conseil indépendant composé d’entreprises et d’organisations à but non lucratif. Mais plusieurs partenaires clefs (Visa, Mastercard,  PayPal…) ont abandonné le projet ces dernières semaines, face à la pression des régulateurs.

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Marion Simon-Rainaud avec AFP