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Liberté sous influence pour les dix ans de Linux

Le système d’exploitation libre Linux n’a jamais fait la fortune des pure players. Après dix années d’existence, l’environnement tombe aujourd’hui dans le giron des géants de l’informatique.

Première publication le 27/08/2001Linux ne s’est jamais aussi bien porté en termes de propagation (lire encadré). On ne peut néanmoins pas en dire autant des revendeurs de distributions ou de matériels Linux. La plupart d’entre eux accusent en effet des pertes (Red Hat, VA Linux…), ou s’orientent vers des modèles à moitié propriétaires (Caldera).En revanche, les fabricants de matériels ou les fondeurs s’engagent derrière l’environnement libre. IBM, HP, Compaq, Dell ou Intel apportent leur soutien à l’amélioration du système d’exploitation, notamment sur le marché des serveurs à haute disponibilité.En devenant une plate-forme de référence, Linux permettra d’assurer des débouchés commerciaux aux serveurs d’entreprise.

Le ” oui, mais… ” des fabricants informatiques à Linux

A cette fin, les performances de Linux doivent progresser, ajoutent les constructeurs. En effet, même si la gestion des architectures SMP est assurée avec la version 2.4 du noyau, le mode multiprocesseur est encore mal géré par le système libre. Idem en matière de sécurité des échanges de données en réseau ou pour les formats de journalisation de fichiers.Seule issue pour asseoir la crédibilité du système en entreprise : développer, à l’image de HP, une distribution spécialisée dans la sécurité, ou proposer, comme IBM avec JFS, un système de journalisation de fichiers plus performant que ReiserFS.Côté matériel, l’avenir semble par contre assuré. Linux fonctionne déjà avec plusieurs processeurs 64 bits comme l’UltraSparc, de Sun, feu l’Alpha, de Compaq, le PA-Risc, de HP, ou le processeur Itanium, d’Intel (projet Trillian).

Un Linux standard ? L’Open Source applaudit, les revendeurs se méfient

Un autre obstacle barre la route à Linux sur le chemin des serveurs professionnels. Ses jeux d’instructions. En effet, si les logiciels sont interopérables entre distributions, les progiciels ou les bases de données demandent en revanche des développements à façon pour être portés d’une entreprise à une autre.Solution ? Développer un jeu d’instructions commun à toutes les distributions. C’est tout le sens des API Linux Standard Base, développés par le Free Standards Group.Des développements intéressants, qui ne soulèvent pourtant pas d’enthousiasme chez les pure players du libre. Ils craignent de perdre les revenus provenant des développements propres à chaque distribution.

Les fabricants récupèrent Linux

Dans ce contexte défavorable aux revendeurs, les géants de l’informatique occupent le devant de la scène.Linux peut remplacer Unix à terme et devenir l'” environnement ” de référence (Internet, haute disponibilité, serveurs milieu de gamme, etc.). C’est en tout cas la vision défendue par Big Blue, qui prévoit d’investir 1 milliard de dollars en 2002 à cet effet. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Cet investissement colossal devra servir les intérêts d’IBM, et permettre aux serveurs maison de gagner des parts de marché, contre les Unix concurrents encore majoritaires (Sun Solaris, BSD, etc.).Une vision qui n’est pas du goût de la communauté Open Source, lorsqu’elle travaille à la propagation du système Linux sur les serveurs Internet et les terminaux mobiles.Dans ces conditions, difficile de construire un modèle économique sur Linux, lorsque l’on n’est pas leader pour la fabrication de serveurs, la prestation de services ou l’édition logicielle. La tendance à la consolidation du marché se confirme d’ailleurs : Mission Critical Linux vient de rejoindre Hewlett-Packard, pour assurer un débouché à sa solution Linux haute disponibilité. Covalent, qui vend des modules propriétaires pour le serveur Web Apache, se rapproche quant à lui de Compaq et des serveurs de la gamme Proliant.L’avenir de Linux en entreprise semble lié à celui des fabricants de matériels. Pour les pure players, le choix apparaît malheureusement limité : disparaître ou se vendre.

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Francisco Villacampa