Ça ne se discute pas, ça se constate. Le Net innerve une bonne partie de la planète, pays pauvres inclus. Il l’aura entièrement conquise dans peu de temps. Au fait, c’est inexact de dire ” le Net “, car ce que j’évoque va bien au-delà. Il nous manque un mot pour désigner tout ce fatras numérique ?” câbles, satellites, ordinateurs, supports de stockage, mobiles GSM, etc. ?” et ce qu’il transporte ?” textes, chiffres, voix, sons, etc. Avec quelques amis, nous avons pris l’habitude de l’appeler ” infosphère “. Non pas que nous soyons les seuls à utiliser ce mot, mais nous lui donnons un sens plus global que les autres usagers du vocable.Admettez, au moins le temps de lire cette page, que l’infosphère existe. Comme exposé dans une précédente chronique, nous sommes représentés dans l’infosphère, que nous soyons connectés ou non. Si nous y figurons, nous pouvons légitimement réclamer des droits sur nos représentations. Or, à voir comment l’économie high-tech agit, ce n’est pas gagné. La plupart des entreprises, très largement informatisées, fondent leurs revenus sur l’exploitation des données, qu’elles concernent les concurrents, les fournisseurs, les stocks, les clients. Littéralement, elles s’approprient une partie de chacun de nous. Sans nous demander notre accord, bien entendu ; il suffit de voir les débats byzantins autour des techniques d’opt in et d’opt out.Laissons quelques instants les entreprises de côté. Que disent les Etats et surtout leurs forces de police ? Qu’il faut surveiller, espionner tous azimuts. Les pays anglo-saxons, menés par les Américains, ont inventé Echelon puis Carnivore, d’admirables machines à écouter les communications privées. A la traîne, les polices européennes semblent avoir enfin trouvé comment convaincre la Commission européenne de les autoriser à agir de même. Malheureusement, ce n’est pas la remise annuelle des Big Brother Awards qui les fera changer d’attitude.Et dans notre vie quotidienne, quelles sont les conséquences de l’existence de l’infosphère ? Vu de ma fenêtre, elle sont majoritairement négatives. Outre les atteintes multiples à la vie privée, la planification de notre temps est de plus en plus contrainte. Les ordinateurs sur nos bureaux, les téléphones dans nos poches brisent les frontières entre temps professionnel et temps personnel. La productivité, maître mot des économistes, trouve dans l’infosphère le meilleur des outils de surveillance.Les organisations internationales plaident pour une diffusion accélérée des moyens d’accès à l’Internet, par exemple le PNUD. Je suis pour ! Mais à une condition : que l’on rédige préalablement la Déclaration des droits de l’humain numérique. Cette déclaration, comme l’infosphère, doit être universelle. Elle doit garantir les droits d’accès à l’infosphère. Elle doit aussi protéger les individus, et leurs représentations, de toute exploitation. Nous pourrions utiliser linfosphère pour la rédiger ensemble, non ?
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