Je ne vois pas pourquoi tout le monde s’extasie sur l’ Aibo, le R2D2 version canine, dont se vante Sony. Il faut les entendre : c’est ” l‘animal de compagnie du futur “. Il donne ” une dimension émotionnelle à l‘interactivité “. J’ai finalement pu faire joujou avec la bête. PPDA avait été impressionné pendant le 20 heures. Moi, j’ai été atterré.Cette soi-disant révolution n’est même pas réaliste : l’Aibo est incapable de rattraper sa baballe, encore moins un bâton. Sa démarche est complètement bancale, il se casse la gueule à tout bout de champ. L’engin est censé reconnaître la voix de son maître, mais il a passé son temps à me faire la sourde oreille. Qu’on se le dise, ce cyber clébard a tout juste l’intelligence d’un insecte. Et je ne connais personne qui voudrait d’une coccinelle comme animal de compagnie.L’Aibo est surtout doué pour se gratter des puces imaginaires et faire le beau sur le plateau de Nulle Part
Ailleurs. J’aurais été plus impressionné s’il pouvait se rendre utile : rapporter le journal, détecter un incendie ou tondre la pelouse sans mutiler les nains de jardin. Ce cyber chien a beau apprendre au contact des hommes, embarquer des centaines ” d’émotions ” dans ses Memory Sticks, il n’aura jamais d’âme. Alors s’il n’est pas capable d’apporter les pantoufles…A défaut de descendre les poubelles ou de passer l’aspirateur, ces robots chiens pourraient au moins avoir une dimension sociale. Désengorger la SPA en limitant le nombre d’abandons par exemple. Ou encore, inciter les propriétaires à préférer le caniveau ; j’imagine bien l’Aibo lâchant des piles usagées un peu partout si on ne le surveille pas.Mais ce sont finalement les ” techno maniaques ” qui l’ont adopté. Avec l’Aibo, ils disposent enfin d’un animal de compagnie à leur image : pas besoin de le sortir, de le laver, de le nourrir ou de l’emmener chez le véto. D’autant qu’on peut le programmer. Avec sa dizaine de capteurs et sa cinquantaine de moteurs, il fait même une superbe plate-forme de développement.Alors, les docteurs MedorEinstein s’en donnent à c?”ur joie sur les newsgroups. Un dénommé Hitman cherche par exemple un lance-roquettes et des fusées pour créer un ” Golgoth Pitbull “. Un obscur Johnny 5 prétend, pour sa part, avoir ajouté une webcam et une liaison sans fil à son Aibo pour surveiller ses voisins ou regarder sous les jupes de filles. Dautres envisagent de transformer leur cyber toutou en chien de garde ou en hamster.Il est urgent de prévenir la Société protectrice des Aibo !Prochaine chronique le mercredi 3 janvier 2001
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