Pour relier deux réseaux locaux situés dans deux bâtiments séparés, les choix sont finalement peu nombreux : ligne louée, réseau privé virtuel sur Internet, liaison hertzienne ou liaison optique aérienne. “ La transmission optique aérienne présente beaucoup plus d’avantages en termes de coût, de rapidité d’installation et de débit que les autres solutions“, estime Hugues Duplantier, consultant de la SSII Net2S (600 personnes, Puteaux).Cette SSII utilise depuis plus d’une année un canon à laser de marque Actipole pour relier deux de ses bâtiments de la région parisienne. Débit de la liaison ? 100 Mbit/s. Les liaisons optiques aériennes – on parle également de fibre optique virtuelle – proposent en effet des débits de 10, 155, 200 Mbit/s, voire plus de un gigabit par seconde, et ce, sur des distances qui peuvent atteindre 500 ou 1 000 mètres.
Une mauvaise réputation
La technologie laser utilisée dans les liaisons optiques aériennes est connue depuis une dizaine d’années. Cependant, elle souffre d’une mauvaise réputation à un moment où la mode est aux liaisons hertziennes. Pourtant, en termes de débit, l’optique aérien affiche une supériorité par rapport au faisceau hertzien, qui ne permet pour l’instant qu’un débit théorique de 11 Mbit/s (norme IEEE 802. 11b).
“Si l’on compare la sécurité respective des deux technologies, le laser sort encore une fois gagnant. Il est beaucoup plus facile de pirater une liaison hertzienne “, estime Hervé Masson, responsable de l’administration des réseaux du site parisien des Grandes Lignes de Batignolles et utilisateur d’une liaison optique aérienne à 10 Mbit/s installée par Teldata avec du matériel Optical-Access.L’émission laser rayonne en effet très peu et ne peut être que difficilement interceptée. Le faisceau lumineux est émis à partir d’un canon à laser par une diode – elle-même laser – sur une longueur d’onde située dans la partie visible ou infrarouge du spectre.Établie en mode bidirectionnel simultané (full duplex), la liaison optique est totalement indépendante du protocole transporté (IP, ATM, SDH, PDH, Ethernet…). Elle peut d’ailleurs servir à l’interconnection de deux réseaux téléphoniques.
Un coût raisonnable
“ Contrairement aux liaisons hertziennes, qui nécessitent une autorisation de la part de l’Autorité de régulation des télécoms, les liaisons optiques aériennes présentent également l’avantage de s’en passer
“, souligne Michel Moreton, directeur informatique pour la région Rhône-Alpes de la Générale de Santé.Quant au coût de la technologie, il reste raisonnable : il faut compter en moyenne 22 867€ ht (150 000 F) pour acheter la paire de canons nécessaire à l’établissement d’une liaison à 155 Mbit/s. Alors, d’où vient cette mauvaise réputation ? Tout simplement de la baisse de performances de l’émission en cas de mauvais temps. Brouillard ou neige dégradent le signal laser, l’un provoquant la diffraction du faisceau lumineux, l’autre sa coupure lors de fortes chutes de neige.
“En un an et demi d’utilisation, nous n’avons jamais eu de problèmes dus aux intempéries “, constate cependant Hugues Duplantier de Net2S. “Sous notre latitude, les conditions météorologiques ne sont pas suffisamment mauvaises pour dégrader le signal, ou dans des cas très exceptionnels. Il faudrait avoir un brouillard avec une visibilité réduite à moins de 30 mètres pour interrompre le faisceau et, dans ce cas, nous avons une solution de secours sur ligne téléphonique “, détaille de son côté Franck Verecken, responsable du parc informatique et de l’administration réseau de la chambre de commerce et d’industrie de Douai. Exit donc la mauvaise réputation due aux conditions météorologiques, selon nos témoins.
Un environnement à étudier avec soin
Il n’en reste pas moins vrai que l’environnement a un fort impact sur le choix des liaisons optiques aériennes. Elles doivent être établies entre deux points à vue, même s’il est possible d’installer des répéteurs pour contourner un obstacle.Les canons sont donc généralement installés au sommet des immeubles. Installation qui reste un point délicat comme a pu le constater Hervé Masson : “Avant de travailler avec l’intégrateur Teldata, nous avions fait un premier essai d’un canon à laser. Mais la liaison n’avait jamais fonctionné à cause de vibrations. Pour les empêcher, il suffisait d’installer les canons sur un socle en béton.” Le canon est relié au réseau local (ou téléphonique) au travers d’un commutateur (ou d’un PABX). Aucun autre matériel n’est nécessaire, excepté un transceiver (modem optique émetteur-récepteur). Autre précaution à prendre lors de l’installation : éviter toutes les sources de chaleur disposées sur le trajet du faisceau laser, comme les cheminées et les zones réfléchissantes à proximité des canons, toutes deux à l’origine de perturbations du faisceau.Une fois le matériel installé, il faut pointer les appareils. Une étape essentielle qui s’effectue d’abord visuellement puis à l’aide d’un logiciel. Là encore des précautions sont à prendre, notamment avec le soleil. Le pointage des canons doit être vérifié, et rectifié, de temps en temps.“Depuis 1999, date à laquelle nous avons installé une liaison laser à 155 Mbit/s d’Actipole, nous avons dû repointer le faisceau une dizaine de fois, parce que les sols de notre région s’affaissent “, commente Franck Verecken de la CCI de Douai. “L’opération ne dure que cinq minutes “. Des outils de supervision permettent de surveiller la qualité du pointage ainsi que les problèmes d’interruption de faisceau. “La seule chose qui me manque, c’est la motorisation de l’appareil qui permettrait une mise au point automatique et régulière des canons “, conclut Franck Verecken.
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