« C’est un bulletin d’analyse amélioré », cherchait à rassurer la chercheuse bordelaise Stéphanie Marchand-Marion, dans une interview à Sud Ouest. Co-autrice d’une étude publiée par la revue Nature début décembre, elle a mis au point une intelligence artificielle capable de prédire les origines des vins rouges de la région, avec l’aide de l’Institut des sciences de la vigne et du vin, de l’Université de Bordeaux et de Genève. Sur sept grands domaines, et à travers 12 millésimes, le programme est arrivé à reconnaître les différents cépages, avec 100 % de réussite.
80 bouteilles sont arrivées à Genève sans étiquette pour être analysées via la machine et vérifier la capacité du programme, qui repose à la fois sur le machine learning et l’analyse chimique par la méthode de chromatographie. Le projet a pour intérêt de prévenir des contrefaçons, permettre de protéger le terroir et comprendre les spécificités chimiques à chaque domaine. Il pourrait ainsi continuer à promouvoir un vin exporté dans le monde entier et qui n’est plus freiné par la taxe Trump ni par la demande chinoise (une bouteille sur cinq part en Chine).
Le vin, un outil d’analyse des émotions pour l’IA
Cependant, il n’a pas pour intérêt de remplacer un sommelier, notamment dans son travail de conseil auprès des clients. L’émotion est effectivement écartée du programme. « L’intelligence artificielle est très gentille, mais elle n’a pas d’émotion. C’est gênant », s’exclamait la professeure en analyse sensorielle à Bordeaux Stéphanie Marchand, au micro de RTL. La radio confirmait pourtant que dans la région, les travaux pour insuffler à l’IA de l’émotion étaient bien lancés, en citant une autre chercheuse sans toutefois mentionner son nom.
À Bordeaux, le sujet passionne et la relation entre les émotions et le vin a d’ailleurs fait l’objet d’une étude. « Le vin procure des émotions. Ce n’est pas seulement déclaratif, il y a une réalité physiologique derrière » déclarait en mai 2023 la docteure Sophie Tempère, enseignante et chercheuse à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV), citée par Vitisphere. Mais si le nez humain est souvent jugé irremplaçable, il en reste parsemé de défauts à l’échelle de l’individu. « Il n’y a personne qui soit sensible à l’ensemble des arômes étudiés. Chacun a des anosmies et hyposmies. Que l’on soit expert ou consommateur, on a tous des trous », soulignait l’experte.
Alors si les programmes d’IA actuels prennent cinq heures pour terminer leur étude de chaque bouteille pour reconnaître ses cépages, la précision de leur analyse chimique couplée à une imitation de la sensibilité humaine pourrait faire déboucher sur un robot œnologue de taille.
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