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L’i-mode nippon se lance à la conquête du Vieux Continent

L’accès à Internet à partir des terminaux i-mode a su convaincre quinze millions de Japonais en moins de un an. Les utilisateurs consultent, en effet, durant leurs déplacements, les dix-huit mille sites d’information, de jeux ou de messagerie accessibles via le réseau de NTT DoCoMo.

Concurrent nippon du WAP, l’i-mode est avant tout un moyen d’accéder sur son téléphone mobile aux applications disponibles sur le Web dans un format spécifique. Les terminaux i-mode embarquent un logiciel de navigation qui autorise un mode d’affichage en couleurs.

384 kbit/s dans moins de deux ans

“Le succès actuel tient à trois paramètres : la facturation au volume, la qualité de l’affichage et les jeux mis à la disposition des abonnés”, souligne Akira Hiroike, ingénieur en chef, responsable du centre de développement d’i-mode de NTT DoCoMo.Le mode de facturation détaillé est rendu possible par le réseau de paquets PDC (Personal digital cellular) à 9,6 kbit/s. Testé sur le stand de NTT DoCoMo, l’i-mode a obtenu des temps de réponse excellents, comparés à ceux du WAP sur le GSM.NTT DoCoMo dispose déjà d’un débit de 64 kbit/s au-delà du simple flux de 9,6 kbit/s le plus répandu, mais il disposera, dans moins de deux ans de la version 3 G du service, dont le débit atteindra ainsi 384 kbit/s. Sur le W-CDMA, (Wideband-Code division multiplexing access), il pourra aisément proposer de la visioconférence de qualité (64 kbit/s en voie montante, 384 kbit/s en sens descendant). L’opérateur travaille avec Nec en ce qui concerne l’infrastructure W-CDMA et, pour les terminaux, avec Ericsson, Nokia et Sony.Il envisage déjà de s’appuyer sur les batteries de voiture pour prendre en charge les communications vidéo gourmandes en électricité, les batteries au lithium étant suffisantes pour les autres.Interpellé sur les critiques émises par son concurrent et compatriote J-Phone (3,7 millions d’abonnés au service Web J-Sky sur 9,2 millions de terminaux PDC, et bientôt sur W-CDMA), qui dénonce l’aspect propriétaire d’i-mode ; Akira Hiroike a précisé : “Je suis parfaitement au courant de l’état d’avancement de la normalisation, puisque je suis le représentant de NTT aux commissions chargées des logiciels d’accès au Web. Mais s’il avait fallu attendre une norme précise, nous n’aurions pas pu lancer notre système le 22 février 1999 et convaincre autant de Japonais d’accéder à Internet pour un tarif intéressant.”Et d’ajouter : “Nous ferons évoluer notre protocole pour rejoindre les standards internationaux dès qu’ils seront bien établis.”Dans la perspective d’une internationalisation, NTT DoCoMo a pris une participation dans Hutchison, à Hong Kong pour les mobiles, mais aussi en Angleterre dans Hutchison Whampoa pour la téléphonie cellulaire 3 G. Cet investissement représente près de 3 milliards de dollars.

NTT DoCoMo sort de son archipel

La firme vient, par ailleurs, de s’introduire aux États-Unis en entrant dans le capital d’ATT (pour 9,8 milliards de dollars). En Europe encore, la firme est en relation très avancée avec le hollandais KPN Mobile puisqu’elle y a déjà investi 4 milliards de dollars, soit 15 % du capital de KPN. i-mode, qui a déjà rapporté 3 milliards à NTT, devrait certainement tenter de nouveaux opérateurs du Vieux Continent. L’évolution du commerce mobile devrait encore accentuer l’attrait pour les mobiles de type i-mode. Néanmoins, cette technologie nécessite des adaptations pour fonctionner sur le GPRS (General packet radio services).

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Thierry Outrebon