“Proposer de la vidéo sur internet sans aucune interactivité, c’est comme proposer de la télévision en noir et blanc de nos jours. Cela ne présente aucun intérêt ! ” Cette assertion est à mettre au compte de Dominique Delport, président-directeur général de Streampower, société spécialisée dans la diffusion de programmes audiovisuels en ligne. Pour attirer un public toujours plus large, la vidéo sur le net ne saurait se contenter de simplement reproduire, à une taille inférieure, le format télévisuel.Le streaming a indéniablement ouvert la voie à la consultation de contenus vidéo sur des pages web. Trois formats majeurs coexistent : la société Real Networks a popularisé la technologie avec son format Realmedia, Apple a adapté son lecteur multimédia Quicktime au streaming, et Microsoft est le dernier entrant, avec le Windows Media Format. Grâce à ces formats et à la technologie du streaming, les longues phases de téléchargement qui précèdent la visualisation d’un fichier vidéo ou audio n’ont plus cours. Toutefois, les diffuseurs de programmes doivent faire preuve d’imagination et enrichir leur contenu pour compenser des conditions de réception qui ne sont pas encore optimales. Ainsi avec un débit de 300 kbit/s (300 kilobits par seconde), rendu possible par l’ADSL, une vidéo en Realmedia dans une fenêtre de 320 x 240 pixels atteindra une qualité encore inférieure à celle ?” déjà moyenne ?” d’une cassette VHS.
Deux approches pour l’interactivité
Les liens hypertexte des fichiers HTML sont la première valeur ajoutée de la consultation de documents sur le web. Ils ont créé des habitudes d’usage chez les internautes. Et l’inter-activité des pages internet doit être possible lors de la visualisation de fichiers vidéo. Les technologies qui permettent cette interactivité transforment la vidéo en ligne en hypervidéo, comme le texte a été modifié en hypertexte. On peut distinguer deux approches ?” éventuellement complémentaires ?” dans la mutation de la vidéo online vers l’hypervidéo. La première constitue le niveau primaire d’interactivité. La méthode consiste en une synchronisation de contenus associés à la vidéo et diffusés simultanément. À côté de l’image diffusée, on présente des contenus, textes ou animations, liés au flux vidéo. Par exemple, lors d’une présentation de résultats financiers, les mémos de l’orateur peuvent apparaître à côté de la vidéo, au fur et à mesure de l’intervention. Des liens intégrés à la page web peuvent permettre de visionner des instants indexés de l’allocution. La société française NTV Factory édite ce type de solutions de montage et de publication de documents synchronisés. “Nous pouvons intégrer des liens au sein de la vidéo, mais il s’agit d’un seul lien général sur l’ensemble de la fenêtre, non attaché à un élément particulier de la vidéo “, explique Nathalie Fourcade, qui dirige NTV Factory. Avantage, pour l’internaute : il n’a pas à télécharger d’outils complémentaires à son lecteur vidéo. Tout le travail d’intégration de contenus, textes ou images, a été effectué en amont, au niveau du serveur. Dans la seconde approche de l’hypervidéo, il est fait appel à des applications externes pour la visualisation. Ainsi, les vidéos enrichies par la technologie du Français Hypnotizer nécessitent le téléchargement préalable d’un outil de quelque 600 Ko. Cette technologie, tout comme celle de l’Américain Veon, ajoute une couche d’éléments interactifs directement sur la vidéo diffusée, à la manière d’un calque. Ces éléments sont diffusés à partir d’un serveur dédié, synchronisé à celui du streaming vidéo. Un menu déroulant, sur lequel on peut cliquer, peut être inséré dans la vidéo pour faire apparaître de l’information (seulement sous forme d’images, pour l’instant, chez Hypnotizer ; l’intégration de textes sera possible à partir du mois de septembre prochain). Soit dans la page web, soit au sein même de la séquence vidéo.
Une technologie transparente
La technologie d’Hypnotizer a été adoptée, entre autres, par Pointe Noire, un studio de production vidéo spécialisé dans la diffusion de programmes business to business. Pour Cyrille Herbron, directeur technique de Pointe Noire, “ l’hypervidéo a pour but de faire oublier à l’internaute le lecteur qu’il utilise. Tous les éléments de manipulation, de consultation sont intégrés à la vidéo“. À ce titre, l’e-learning est l’application privilégiée de cette technologie, qui offre un support de cours interactif en évitant que l’utilisateur ne se disperse.
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