Que Médecins du Monde, Attac, Reporters sans Frontières et Emmaüs soient présents sur Internet est tout sauf une surprise. Qu’ils puissent en disparaître le serait davantage. Un sentiment d’inquiétude règne pourtant dans le monde
militant français, depuis que GlobeNet, l’association servant d’hébergeur et de fournisseur d’accès Internet à plusieurs centaines d’organisations, a parlé d’un possible redressement judiciaire à la fin du mois d’avril. Aujourd’hui, la menace semble
écartée, mais une réforme profonde de cet acteur essentiel du Web est toujours en vue.GlobeNet dispose d’une solide expérience. Créée en 1995, l’association gère 300 sites associatifs et 2 100 boîtes aux lettres, plus les 13 800 boîtes de son service d’accès à Internet anonyme,
No-Log. Et va mal. Son endettement a atteint 65 000 euros, alimenté par un déficit structurel de 5 000 euros par mois. Ses grands contributeurs que sont les
associations ne sont plus au rendez-vous.‘ La plupart ont vu leurs subventions diminuer, estime Erick Aubourg, directeur de GlobeNet. Elles nous demandent moins de services et ont parfois du mal à nous régler (11 000 euros
d’impayés en 2003). Mais, même si elles ont des difficultés, nous ne leur avons pas coupé l’accès, on ne va pas faire de sélection au fric. ‘
Elargir les sources de financement
Les difficultés actuelles du monde associatif n’expliquent pas tout. Chez GlobeNet, on reconnaît aussi n’avoir pas su anticiper une crise financière jugée prévisible et n’avoir pas suffisamment impliqué les utilisateurs du service.
Aujourd’hui, l’heure est à la mobilisation d’urgence. Et ça marche.‘ Nous avons reçu énormément de soutiens, c’est agréable, on se rend compte que notre action a un sens, poursuit Erick Aubourg. Un groupe dont nous n’avions jamais entendu parler va organiser
un concert de soutien à Nantes, le 5 mars, et nous reversera 70 % des recettes. ‘ GlobeNet a obtenu 12 300 euros de promesses de dons, dont 8 900 déjà versés.Les associations, elles, s’organisent. Chez le spécialiste du commerce équitable Artisans du Monde, on explique ‘ soutenir entièrement le projet GlobeNet ‘. Le bureau de l’association,
réuni ce jeudi, décidera donc de la forme que prendra ce soutien. Selon Erick Aubourg, la plupart des organisations utilisatrices de son service sont en train de faire de même et devraient faire connaître leur décision d’ici peu.Le futur de GlobeNet se jouera en partie le 13 mars. Ce jour-là, l’association organise une assemblée générale extraordinaire pour décider de réformes. Erick Aubourg se veut rassurant : ‘ Il ne
devrait pas y avoir de fermeture. Ce qui risque de se passer, si la situation ne s’améliore pas, c’est que nous restions hébergeur et fournisseur d’accès à Internet, mais avec un effectif moindre [4 salariés aujourd’hui, NDLR],
donc moins de possibilités d’engagement, de développement de projets. No-Log n’est pas concerné, ce projet est équilibré. ‘Une solution minimale. Erick Aubourg table plutôt sur un GlobeNet nouveau, impliquant plus dans son quotidien les organisations et les individus qui l’utilisent et ayant élargi ses sources de financement. De quoi lancer de nouvelles
initiatives, comme ce projet, reporté l’an passé, de déploiement dinstallations Internet en Afrique.
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