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L’hébergement mutualisé ne fait plus recette

Complexité croissante des sites, manque de sécurisation des données, l’hébergement sur serveur partagé tend à dispara”tre

En dehors du simple site vitrine, l’hébergement mutualisé n’est plus viable aujourd’hui “, sanctionne Philippe Lesauvage, directeur des activités d’hébergement chez FranceNet. L’évolution du commerce électronique aidant, ces sites statiques, dépourvus de service, sont de moins en moins prisés. Les solutions d’hébergement mutualisé (plusieurs sites se partagent le même serveur afin d’en limiter le coût d’exploitation) disparaissent au profit des solutions d’hébergement dédié. D’autant plus que ces dernières sont en voie de relative démocratisation : “Il y a encore quelques mois, l’hébergement dédié pouvait sembler réservé à une élite. Mais aujourd’hui, les offres sont devenues plus abordables et plus matures “, constate Philippe Martel, directeur de la division Internet chez Colt. Dans la pratique, on constate que les tarifs de l’hébergement dédié commencent à moins de 3 000 F ht par mois. Un coût proche de beaucoup d’offres d’hébergement mutualisé, si l’on prend en compte les inévitables dépassements de bande passante et les locations de services spécifiques.
“Cela reste quand même plus onéreux que de l’hébergement commun, tempère Philippe Lesauvage. Mais uniquement en coût direct. Sur le long terme, la souplesse et l’évolutivité de ce type de solution est en fait plus économique.” Autrement dit, l’option de serveur dédié apporte un bénéfice secondaire, parfois difficile à quantifier. Ainsi, pour 3 000 francs, l’entreprise dispose de la jouissance exclusive d’un serveur installé chez son hébergeur. Celui-ci en assure la maintenance et la surveillance. De plus, la totalité de la bande passante allouée au serveur est à sa disposition, contrairement à l’hébergement mutualisé, où quelques dizaines de sites se partagent les ressources. “L’approche des entreprises envers Internet évolue. Leur besoin dépasse celui d’un simple espace sur le web. Aujourd’hui, elles veulent avoir un plein contrôle sur leur plate-forme de commerce électronique “, explique Paul Huish, infogérant chez Redbus Interhouse.

L’avenir est aux solutions mixtes

Un contrôle impossible à exercer sur un serveur partagé où chaque intervention dépend de l’hébergeur. “Cette dépendance pour la mise en ?”uvre de chaque application fait perdre en réactivité “, remarque Philippe Lesauvage, avant d’observer que la colocation fait également courir un risque quant à la sécurité des données : “Les systèmes communs impliquent de partager ses données sur un serveur commun.” Une situation à risque si l’entreprise exploite une plate-forme de commerce et stocke, par exemple, les coordonnées bancaires de ses clients. Mais si la tendance et l’avenir semblent favorables aux sites d’entreprises hébergés sur un serveur dédié, le partage existera toujours, seul son mode d’utilisation évoluera. “Le partage de serveurs sera une solution intéressante pour une mutualisation partielle de services lourds et coûteux à déployer pour une seule entreprise “, prévoit Philippe Lesauvage. L’effet de masse est bien plus avantageux pour ce type de service. “Agréger plusieurs milliers de streams sur un seul serveur, facturés à l’utilisation, évite le paiement systématique de licence par chaque site “, ajoute Philippe Martel de chez Colt.
On le voit, l’avenir est sans aucun doute à des solutions mixtes : mutualisation des ressources à forte valeur ajoutée (statistiques très fines, streaming, bases de données), et serveur dédié pour les sites de commerce électronique. Une utilisation intelligente de la technologie. Choisir un hébergement dédié est une évidence depuis longtemps. Seul son coût pouvait encore dissuader les entreprises les plus modestes. Mais la nécessité d’offrir des sites toujours plus dynamiques, des services plus interactifs, signe la fin du partage de serveurs. Chaque société devra très vite ma”triser entièrement les technologies déployées. Pour beaucoup, la migration devrait commencer.

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JÉROME SAIZ