Si l’Europe politique connaît bien des difficultés, l’Europe industrielle et spatiale, elle, avance désormais de façon concrète. L’entreprise publique Galileo a enfin désigné le concessionnaire du futur système de navigation européen
par satellite du même nom, censé concurrencer le GPS (global positioning system) américain. Il aura pour mission de mettre en place puis d’exploiter la constellation de 30 satellites.Au final, c’est la proposition commune des deux consortiums jusque-là concurrents qui remporte l’appel d’offres. Eurely, qui regroupe entre autres Alcatel et Finmeccanica, et iNavSat, qui réunit notamment EADS et Thales, avaient en
effet été autorisés à soumettre une offre conjointe, en plus de leurs dossiers propres.
Faute de départager les deux rivaux, Galileo a donc opté pour la troisième voie.‘ Nous discutons avec les autres industriels depuis un moment déjà, nous échangeons beaucoup d’informations. Nous travaillons depuis mai à une proposition commune. Il reste désormais à négocier le contrat de
concession, indique Olivier Colaitis, responsable du programme Galileo chez Alcatel. Le dossier commun présente l’avantage d’élargir la base potentielle du marché, vu le nombre de sociétés qu’il réunit, et qui sont toutes de
potentiels futurs utilisateurs de Galileo. ‘Le projet européen décolle enfin, après avoir accumulé trois à quatre ans de retard. La prochaine étape sera le lancement par l’Agence spatiale européenne, avant juin 2006, et sans doute d’ici à la fin de l’année, de deux
satellites. ‘ Il faut le faire afin de pérenniser auprès de l’Union internationale des télécommmunications les fréquences attribuées ‘,explique-t-on à l’Agence spatiale européenne. Les
30 satellites, eux, seront lancés entre 2009 et 2010 par le concessionnaire. ‘ Les premiers services Galileo devraient apparaître à l’horizon 2011 ‘, estime Olivier Colaitis.
Egnos, en attendant Galileo
Galileo n’est donc pas pour demain. Ce qui n’empêche pas certains spécialistes de la navigation de se projeter déjà dans les nouveaux services qu’ils pourront déployer. C’est le cas de l’allemand Navigon.
‘ Galileo pourra être beaucoup plus précis que le GPS, de l’ordre du mètre au lieu de quinze à vingt-cinq mètres. Nous allons donc pouvoir tirer un meilleur parti des bases de données cartographiques, qui contiennent
aujourd’hui des données non exploitables, à cause du manque de précision. Nous n’utilisons parfois que 10 % de ces données. Là, avec Galileo, on pourra par exemple délivrer des informations concernant les limitations de vitesse sur telle voie,
sur telle bretelle d’autoroute ‘, commente Gilles Simon, directeur pour la France. ‘ Cela ouvre des perspectives de marché ‘, ajoute-t-il.Galileo affichera aussi une meilleure couverture, grâce à sa constellation de satellites plus fournie que celle de son concurrent américain. Les deux systèmes pourront cohabiter sur les terminaux, ce qui permettra aux utilisateurs
d’utiliser l’un ou l’autre. Galileo, selon Olivier Colaitis d’Alcatel, permettra aussi de garantir une meilleure qualité du signal, dans le cadre de certains usages (télépéage, repérage en cas d’appel de détresse, etc.), que son rival américain.En attendant Galileo, l’Europe a fait un premier pas en matière de géolocalisation, en mettant en ?”uvre le système
Egnos
(European geostationary navigation overlay service). Celui-ci améliore le GPS commercial, en le rendant plus précis, grâce à trois satellites
géostationnaires supplémentaires et des stations terrestres effectuant les corrections nécessaires. Les terminaux compatibles sont déjà disponibles et Egnos devrait être à même de garantir une qualité de services, pour des applications
professionnelles, une fois sa certification achevée, d’ici à un an et demi environ. Mais un éditeur comme Navigon estime que la précision d’Egnos, même améliorée ?” 3 à 5 mètres ?”, nest pas encore suffisante pour de
nouvelles applications de navigation routière.
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