Personne ne conteste plus les gains de productivité obtenus par l’utilisation intensive des technologies de l’information… aux États-Unis. Coup sur coup, en effet, quatre études, conduites indépendamment par de grands cabinets et des institutions internationales, viennent pointer du doigt le retard européen dans ce domaine. Et ce, avec une unanimité troublante.Pour Price Waterhouse Coopers, la cause est entendue. Dans leur rapport European Economic Outlook, les auteurs affirment qu’en Europe, ” il n’y a aucun élément montrant une accélération de la croissance de la productivité due aux technologies. Alors que plusieurs études ont pu montrer que cela avait été le cas aux États-Unis, à la fin des années 1990 “. Même son de cloche chez Goldman Sachs (The IT revolution, New Data on the Global Impact), et à la commission de Bruxelles (2000 Review). De leurs études respectives, il ressort qu’aux États-Unis, la productivité aurait été deux fois plus ” impactée ” dans la deuxième partie des années 1990. La Commission va même jusqu’à chiffrer le retard européen : cinq ans. Enfonçant le clou, Christian de Perthuis, chief economist au Bipe (Bureau d’information et de prévisions économiques), précise dans la revue Sociétal (1er trimestre 2001), que ” ce redressement de la productivité américaine reflète, au moins partiellement, le formidable choc d’offre résultant de la diffusion accélérée des technologies de l’information. ” La messe est-elle dite ? Pas encore. Selon ces mêmes auteurs, les pronostics à court terme sont maintenant favorables au Vieux Continent. Pour au moins deux raisons. D’abord, le nouveau calcul statistique pour isoler les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), en vigueur dans différents pays d’Europe, devrait faire apparaître des bonnes surprises sur les performances économiques.
La renaissance attendue
Aux États-Unis, ce travail de réactualisation statistique a permis de montrer rétrospectivement que les prémices de la nouvelle économie sont apparues dès 1982. Ensuite, l’inquiétude qui sourd actuellement outre-Atlantique peut, paradoxalement, renforcer les chances d’un relais de croissance européen. Price Waterhouse Coopers voit ainsi poindre une ” renaissance ” européenne. Et s’en réjouit. Selon les auteurs, ” le récent ralentissement de la croissance américaine rappelle que l’économie mondiale ne peut reposer indéfiniment sur un moteur unique “. La Commission va plus loin en observant que ” les grands facteurs d’accroissement de la productivité américaine sont, maintenant, à l’?”uvre en Europe “.Mieux encore, Bruxelles se situe presque dans l’après net économie. Pour les auteurs du rapport, ” il ne faut pas abandonner les vertus de l’économie traditionnelle […], la soi-disant nouvelle économie n’est aucunement le remède universel à tous les maux “. On pourrait alors voir se creuser ” le fossé numérique “. La Commission serait-elle tellement optimiste dans son pronostic qu’elle anticipe déjà les malheurs à conjurer ?
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