Les salariés français auront-ils tous bientôt chez eux un ordinateur gracieusement offert par leur entreprise ? C’est en tout cas le souhait exprimé par des sociétés comme France Télécom, EDF ou encore Vivendi qui exercent depuis des mois un lobbying intensif auprès des pouvoirs publics. Et il semble bien, après quelques réticences de la part de services comme le Fisc ou l’Urssaf, que le gouvernement ait décidé d’abonder dans leur sens.Concrètement, si les dispositions soumises à l’examen du Parlement sont adoptées, les entreprises pourront attribuer gratuitement à leurs salariés du matériel informatique et des logiciels, sans que les heureux bénéficiaires aient à payer de cotisations et de contributions sociales pour ces avantages, comme ce pouvait être le cas auparavant.Les ordinateurs individuels ne seraient donc plus assimilés fiscalement à des avantages en nature. Ce dispositif s’appliquerait dans le cadre d’accords d’entreprises conclus entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2002, dans la limite globale de 10 000 francs par salarié.En contrepartie, et pour que la perte ne soit pas trop conséquente pour les finances de l’Etat, les entreprises devront réintégrer les charges liées à ces opérations dans leur bénéfices imposables. Dans ses observations, la Commission des finances de l’Assemblée nationale souligne que les grands acteurs de l’économie “souhaitent développer les compétences informatiques de leurs salariés en jouant sur la complémentarité des utilisations ludiques, privées et professionnelles des nouvelles technologies de l’information et de la communication, à commencer par Internet “.
” La porte ouverte au télétravail “, selon Marc Blondel
Au printemps dernier, Jean-Marie Messier, PDG de Vivendi (actionnaire du Groupe Tests, éditeur de 01net.) avait dévoilé le projet Net Génération, qui devrait toucher près de 170 000 salariés de Vivendi en France. “Nous voulons montrer que l’Internet c’est simple, que c’est un outil de la vie quotidienne “, déclarait alors le PDG de Vivendi. Avant d’ajouter que les PC offerts aux salariés sont des “instruments personnels et familiaux”, en aucun cas destinés à un usage professionnel.Cette opération vise en effet à doter l’ensemble des salariés du groupe d’un PC. Estimée à 1,25 milliards de francs d’investissement, elle représenterait quantitativement près de 10 % du marché annuel des ordinateurs grand public en France. En agissant de la sorte, Vivendi suit l’exemple d’autres grands noms de l’industrie, comme Ford, Intel, General Motors ou Delta Airlines, qui, outre-Atlantique, ont déjà pratiqué avec un certain succès le ” don d’ordinateur “.Reste que cette initiative suscite des réserves notamment du côté des syndicats. Marc Blondel, secrétaire général de Force ouvrière, voit dans cette démarche “la porte ouverte au télétravail, et un formidable échappatoire aux 35 heures “.Interrogé par le quotidien Libération, Yves Lasfargues, spécialiste du rapport au travail et des relations sociales, se montre plus nuancé et préfère y voir “un moyen de faciliter la vie des employés”, tout en soulignant que pour des groupes tels qu’Intel ou Vivendi, “il s’agit tout autant d’un acte social que dune opération de marketing “.
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