Encore un doute ? Hélas, la crise serait là et bien là. Depuis quelques jours, l’actualité se résume à un gigantesque feu d’artifice de profit warning, avec des licenciements en pagaille, des monômes remis au goût du jour et des délocalisations à la va-vite. Les journalistes noircissent leur Une et Fabius revoit à la baisse les perspectives de l’économie française. C’est pire aux États-Unis où même les statistiques positives prennent l’allure de bombes à retardement.Lorsque la vente d’appartements neufs reprend …tous aux abris. Cela signifie que la Fed ne baissera pas ses taux et, du coup, la Bourse se remet à plonger. C’est l’esprit de cette crise : une gigantesque spéculation. L’Europe se calque sur les États-Unis, qui se calquent sur les grandes entreprises, qui s’accrochent aux marchés financiers. Or les marchés, déjà déconnectés de l’économie réelle, ont eu une fâcheuse tendance depuis quelques mois à se baser sur ” l’anticipation d’anticipation “, pour reprendre les termes du président d’Andersen, Aldo Cardoso. Autrement dit, on ne se demande plus quel temps économique il fera demain mais comment s’adapter à l’anticipation.La spéculation atteint un degré rarement égalé. D’où cette fameuse absence de lisibilité, car chacun épie ses voisins plutôt que ses clients. D’où, aussi, ce comportement moutonnier des intervenants financiers, des grandes entreprises, voire du personnel politique. En France, avec une croissance oscillant entre 2 % et 2,5 %, on évoque une ” récession “. Depuis trois ans, ce sont les ménages français qui tirent la croissance. Ils ont bien du mérite. Seule consolation dans ce vent de folie : il pourrait s’arrêter de souffler aussi brutalement quil a commencé.
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