L’Ecole supérieure de commerce (ESC) de Grenoble s’est très tôt spécialisée dans l’innovation, les nouvelles technologies et leur management. Or, de par son positionnement géographique, elle baigne dans un environnement plutôt riche : ST Microelectronics, Hewlett-Packard, IBM, mais aussi le CEA, l’Inria, et le centre de recherche mondial pour les réseaux et les télécoms de Sun…
En 1999, l’ESC Grenoble innove en créant le premier mastère e-business en Europe, en accord avec IBM. La firme finance la première chaire sur ce sujet. “Nous voulons impliquer les entreprises dans la pédagogie de l’école, insiste Lee Schlenker, titulaire de la chaire IBM de commerce électronique. Et ce pour qu’elles nous aident à définir les profils recherchés et à mettre au point les cours permettant le développement des compétences correspondant à ces profils.”Destiné aux bacs + 5 ou aux bacs + 3 ou 4 avec une expérience professionnelle, ce diplôme propose six cents heures de formation en un an, réparties par moitié entre les cours et un stage en entreprise. Concrètement, le parrainage d’IBM se manifeste par une subvention non négligeable : 1,5 million de francs en 1999, et 2 millions cette année. “Mais l’enjeu n’est pas seulement financier, s’empresse d’ajouter Lee Schlenker. Il s’agit d’une vraie collaboration.” L’entreprise met à disposition ses experts, qui interviennent lors de conférences. Durant l’année scolaire 1999-2000, l’ESC a ainsi accueilli le DRH monde et le DRH France, le directeur de l’activité business intelligence, celui du CRM (Customer Relationship Management), et le responsable du reengineering.
Des avantages pédagogiques et financiers
Ce partenariat a des retombées pour tout le monde. L’entreprise peut se targuer de relations avec le monde académique. Elle fait mener des travaux de recherche sur des sujets qui la concernent et parle de ses produits. “Mais, se défend Lee Schlenker, IBM ne nous empêche pas de faire intervenir des experts d’autres entreprises.” Ce qui a d’ailleurs été le cas cette année pour le module Ressources humaines, animé par deux experts – l’un venant d’IBM, et l’autre de Microsoft.
Pour les étudiants, l’accord signifie une adéquation entre leur formation et les besoins du marché. Et donc des débouchés immédiats. L’implication d’IBM apporte aussi une dimension professionnelle aux cursus. Les relations de l’ESC Grenoble avec les entreprises du secteur permettent aux étudiants de bénéficier d’un traitement ” privilégié ” lorsqu’ils ont besoin d’équipement. Ainsi ont-ils obtenu une remise de 62 % lors de l’acquisition d’un portable IBM… Enfin, pour l’école proprement dite, les retombées sont multiples. Financières, d’abord : outre une chaire d’enseignant, elles aident à financer des opérations, des déplacements ou des équipements. Pédagogiques, ensuite : l’ESC met à la disposition de ses étudiants des experts de haut niveau, et IBM leur garantit par contrat des stages et leur apporte des opportunités d’affaires. La société leur permet de réaliser des missions comme consultants juniors. Un moyen d’apprendre le métier tout en étant rémunéré. Une formule plutôt attrayante, pour des étudiants qui payent leur année de formation 55 000 francs.
“Les retombées sont aussi médiatiques, reconna”t Lee Schlenker. Le partenariat avec IBM a eu une couverture presse énorme dans le monde entier.” Du coup, l’école a reçu pas moins de trois cent cinquante demandes de dossier via Internet. Et sur les cinquante-cinq élèves retenus pour la prochaine rentrée (mastère et MBA confondus), 80 % sont étrangers, dont un tiers non européens. Quand on lui demande s’il n’a pas vendu son âme au diable, Lee Schlenker n’hésite pas : “Non. Le monde professoral ne sait pas toujours anticiper les évolutions. IBM nous aide à mieux comprendre les besoins des entreprises en matière de commerce électronique.” Mais l’ESC Grenoble ne serait-elle pas en train de devenir l’école privée d’IBM ? “Pas du tout ! Certes, la firme est présente au conseil scientifique de l’école, mais au même titre que d’autres…”D’ailleurs, ce partenariat a aiguisé la curiosité d’autres sociétés déjà présentes à l’ESC Grenoble. HP, notamment, serait sur le point de signer un accord du même genre avec l’école .
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