Les opérateurs français de téléphonie mobile le savent bien : si le SMS a connu son incroyable succès, c’est grâce à la mise en place d’accords d’interopérabilité, permettant à leurs divers abonnés de communiquer entre eux. En
toute logique, ils comptent aujourd’hui reproduire ce modèle pour le Wi-Fi, l’Internet sans fil.Ainsi, les deux acteurs majeurs du Wi-Fi français, Orange et le duo SFR/Cegetel, viennent de conclure des accords d’itinérance (roaming en anglais), selon les termes desquels les clients d’Orange pourront se
connecter à Internet dans un hot spot (lieu public couvert par le Wi-Fi) de SFR/Cegetel, et inversement. Orange s’était déjà mis d’accord de la même façon avec Bouygues Télécom et ADP Télécom, une succursale des Aéroports de Paris.La filiale de l’opérateur historique annonce que ses abonnés peuvent désormais se connecter dans quelque 7 000 hot spots en France (gares, quartiers d’affaires, hôtels, palais des congrès, etc). Ils y accédent soit en
souscrivant un forfait ‘ data ‘ spécial, soit en demandant, par SMS, un identifiant, pour se connecter au prix de 0,25 euro la minute.
Une itinérance qui est loin d’être généralisée
Tous ces acteurs sont membres d’une même association,
Wireless Link
?” onze membres à ce jour ?”, dont le but est notamment de faciliter l’interopérabilité entre les différents réseaux. Le Wi-Fi de l’Hexagone se fait donc de plus
en plus accueillant, même si l’itinérance, sur le terrain, est encore loin d’être parfaite.Il n’y a, ainsi, pas d’itinérance d’ensemble entre les adhérents de Wireless Link. Tous les membres n’ont pas encore signé entre eux : ADP l’a fait avec Orange, mais pas avec les deux autres opérateurs de téléphonie mobile.
SFR/Cegetel et Bouygues Télécom, eux, n’ont pas encore réussi à s’entendre. De plus, les accords ne sont pas toujours complètement bilatéraux : ainsi, une carte ADP Télécom entamée à l’aéroport ne pourra pas être
‘ terminée ‘ dans un lieu Orange.‘ Les accords se signent au fur et à mesure et de façon bilatérale, explique Christophe Naulleau, directeur du programme Wi-Fi d’Orange. Il faut y aller doucement. Il est plus simple de signer
avec des partenaires au fur et à mesure que de vouloir tout interfacer en même temps. Les acteurs ont des systèmes d’information différents et des stratégies tarifaires variées. Il s’agit d’en tenir compte. ‘L’adhésion à cette association, créée fin 2003 par les trois opérateurs mobiles français, n’empêche pas leurs membres de signer à leur guise. Ainsi, ADP Télécom a signé avec Tiscali, et Bouygues Telecom avec un agrégateur de réseaux
Wi-Fi nommé Excilan.En France, Orange se dit ouvert à tout accord d’itinérance, tout en privilégiant évidemment les membres de Wireless Link. Selon Christophe Naulleau, la stratégie de l’opérateur est de signer avec le plus grand nombre d’acteurs
possibles, ‘ mais cela est long et compliqué ‘.Après des années 2003 et 2004 consacrées à ouvrir un maximum de hot spots – Orange en revendique 6 500 à ce jour – la filiale de France Télécom veut faire de 2005 celle de l’itinérance, notamment à l’étranger.
‘ Nous finalisons notre adhésion à la Wireless Broadband Alliance, qui nous permettra de signer à l’avenir avec d’autres grands acteurs, comme BT ou Deutsche Telekom ‘. Orange a déjà passé des accords
avec TeliaSonera, et avec l’agrégateur WeRoam.
La question du prix
Pour développer l’usage du Wi-Fi, l’itinérance ne sera pas forcément le seul levier. Car l’accès haut débit sans fil reste très cher : une carte d’accès à la journée peut coûter autant qu’un forfait mensuel ADSL.
‘ Le Wi-Fi ne doit pas être réservé qu’aux salariés itinérants ou aux riches nomades ‘, insiste David Taïeb, responsable du développement de Hotcafé.Cette société installe des réseaux Wi-Fi dans les cafés – elle en compte une soixantaine à ce jour – à Paris et en Province, et leur permet de proposer des durées de connexion sans fil gratuites, en échange d’une consommation,
ou bien payantes (le cafetier choisit alors lui-même son mode de facturation).Hotcafé ne se dit pas, pour sa part, obnubilé par l’itinérance : ‘ Nous avons déjà signé avec d’autres acteurs du Wi-Fi, et nous n’avons vu quasiment aucun de leurs clients venir sur notre réseau. Aujourd’hui,
nous sommes à part, puisque notre modèle met en avant la gratuité des connexions. On pourrait imaginer des signatures avec les opérateurs mobiles. Mais, en même temps, on n’imagine pas trop Orange et SFR nous envoyer leurs clients
payants. ‘
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