La volatilité de l’industrie informatique a fait de la fiabilité des fournisseurs un critère de choix important. Mais celle-ci ne pourra pas être jugée à l’aune de leurs plans de licenciement. “La plupart des sociétés annoncent des réductions d’effectif pour faire plaisir aux clients, aux fournisseurs et, surtout, aux investisseurs en leur montrant qu’elles maîtrisent la situation. Mais pas nécessairement parce qu’elles sont en mauvaise santé”, indique Peter McAteer, analyste au Giga Group. Ainsi, les licenciements claironnés n’en sont parfois pas. Avec un turnover de 15% et un recrutement limité, une entreprise peut aisément réduire son personnel de 10% en quelques mois. “En général, les coupes d’effectif se révèlent moins importantes qu’annoncées, explique Peter Cappelli, professeur de management à l’université de Pennsylvanie. C’est vrai, en particulier, dans l’informatique, où le capital humain est extrêmement précieux.” On aboutit donc à une situation absurde, où, pour plaire à ses investisseurs, on promet de licencier plus qu’on n’est disposé à le faire. “En la matière, une entreprise n’est pas obligée de tenir parole”, explique Peter McAteer.
Même la justification des coupes paraît douteuse
Les compressions de personnel les moins crédibles sont celles qui prennent le plus de temps. “En janvier 1996, ATT avait communiqué sur le départ de quarante mille salariés, étalé sur deux ans. Mais ce chiffre n’a jamais été atteint, raconte Peter Cappelli. Une annonce de licenciement sur un ou deux ans ne doit pas être prise trop au sérieux.”Plus que la quantité de salariés mis au chômage, c’est leur qualité qu’il faut scruter. Qui a quitté la société? Quelles étaient les activités déjà externalisées? Et que prévoit le fournisseur pour réembaucher ceux qui sont partis? La déprime actuelle de l’industrie pourrait, en effet, n’être que passagère. “Cisco verse 30 % de leur salaire aux employés qui ont quitté la compagnie pour aller travailler dans une association, explique Peter McAteer. C’est un moyen d’empêcher temporairement ses salariés de chercher un autre emploi.” Même la justification de ces coupes semble douteuse. “En étudiant la réaction de Wall Street à quatre mille annonces de licenciement, de 1970 à nos jours, on s’aperçoit qu’elle était beaucoup plus négative il y a trente ans, explique Kevin Hallock, professeur d’économie à l’Institute of Labor and Industrial Relations de l’université d’Urbana-Champaign. Sans pour autant être positive aujourd’hui. Dans les années 1990, les annonces de licenciement n’ont eu globalement aucun effet sur les cours de Bourse.”Pourtant ?” effet de mode oblige?”, l’industrie informatique ne devrait pas cesser de sitôt de promettre des suppressions de postes.
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