J’ai envie de faire mon Houellebecq du libéralisme et de le clamer haut et fort, tant pis si on me menace d’une fatwa fiduciaire : la Bourse, ce monothéisme de l’argent spéculatif, “y’a pas plus con… ; y croire encore ne peut être que le fait d’un crétin.” Faut vite la remplacer par quelque chose qui traduise mieux la réalité opérationnelle des entreprises. Une loterie, ça serait pas mal ; chaque jour, tout le monde pourrait parier et on tirerait une société du CAC 40 qui recevrait le gros lot. Au moins, on s’amuserait, on se retrouverait le soir devant la télé où le tirage serait présenté par Claire Chazal en jupe de cuir, dans une ambiance torride. À une époque, un journal très sérieux s’était fait une réputation en gérant un portefeuille à sa manière : chaque jour, on collait des noms de sociétés et on jouait aux fléchettes pour désigner les gagnants. À la fin de l’année, c’était un des meilleurs portefeuilles ! Le résultat ne serait pas plus con que l’arbitraire d’aujourd’hui, avec son cortège funèbre de vraies entreprises ravalées au rang de moins que rien parce que d’horribles hedge funds (littéralement “fonds bordés”, par quoi, je vous le demande) en ont décidé ainsi. Comment notre système peut-il générer en même temps une telle qualité humaine d’organisation et d’efforts (l’entreprise) et de l’autre une telle aberration financière (la Bourse) ? En paraphrasant Michel Audiard : “Si on mettait les cons sur orbite, toi [le Palais Brongniart], t’aurais pas fini de voler.” D’accord, je vous dis ça parce que j’ai perdu de l’argent, à force de croire à des miracles de papier et autres PER bidons. Désormais, un seul mot d’ordre : la pierre. Je machète des maisons de bords de mer et je passe ma vie en vacances. Mais avec quel argent ? Allez, un dernier petit coup en Bourse.
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