Pour la première fois de son histoire, Amazon est dans le vert. Le groupe américain vient de dégager un bénéfice net de 35 millions de dollars sur l’année 2003. Le chiffre d’affaires a bondi de 36 % par rapport à 2002, pour
atteindre 5,2 milliards de dollars.‘ Cette croissance tient à la diversification de notre gamme de produits aux Etat-Unis [Amazon commercialise depuis l’automne 2003 des articles de sport et de l’épicerie fine, NDLR], ainsi
qu’à nos tarifs, que nous allons continuer à baisser. Mais également parce que l’e-commerce est devenu un vrai mode de consommation ‘, commente Thomas Lot, DG France d’Amazon.Si, au lendemain de l’annonce des résultats annuels, l’action se repliait de 3,93 % à l’ouverture, sanctionnant des marges d’exploitation moins solides que prévu, force est de constater que le cours d’Amazon est au plus haut.
L’action du distributeur s’échangeait aujourd’hui à 53,5 dollars, contre 21,7 dollars il y a tout juste un an. En fait, les valeurs Internet n’ont pas connu un tel engouement depuis le dégonflement de la bulle spéculative.
Un engouement justifié
‘ Les valorisations des pure players sont plus hautes qu’en 2001 ‘, note VentureOne, un cabinet d’analyse spécialisé dans le capital-investissement. Preuve en est, la valorisation de Yahoo!
se monte à 31 milliards de dollars (25,7 milliards d’euros).En ce début d’année,
Ebay est valorisé à 44 milliards de dollars (35 milliards d’euros). C’est plus que Carrefour et ses 10 385 magasins, dont le chiffre d’affaires d’environ
79 milliards d’euros pour l’année 2003 est pourtant 46 fois supérieur à celui de l’américain (1,73 milliard d’euros).‘ Les marchés fonctionnent par anticipation. S’ils donnent de telles valorisations aux valeurs Internet, c’est parce qu’ils estiment que leur marge de progression est plus importante que pour les sociétés
traditionnelles de distribution ‘, estime Jean-Marc Patouillaud, associé au sein de la société de capital-risque Partech International.Ainsi Google, qui pourrait s’introduire en Bourse avant le second trimestre de l’année, est-il d’ores et déjà estimé à un minimum de 15 milliards de dollars. Et ce, même si le moteur n’a rendu public à ce jour aucun résultat
financier.‘ Cet engouement est fort logique, explique un analyste américain : lorsqu’elles ont atteint l’équilibre, les valeurs Internet sont bien plus rentables que les groupes traditionnels, qui
doivent payer une forte masse salariale, des loyers… Une fois la rentabilité atteinte, la croissance de ces valeurs est exponentielle. C’est ce que prédisait la bulle Internet qui a lieu aujourd’hui. ‘Yahoo! a, par exemple, réalisé 1,6 milliard de dollars de chiffre d’affaires (1,3 milliard d’euros), contre 963 millions de dollars (757 millions d’euros) en
2002. Le chiffre d’affaires de la firme de Palo Alto a ainsi réalisé une progression de 73 % sur l’année.Un développement bien supérieur à celui du marché de la recherche en ligne, dont le rythme annuel de croissance est estimé entre 50 et 60 %. Ebay prévoit que le haut-débit et le fort taux d’équipement des foyers devraient lui
permettre de réaliser un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars en 2004.En fait Ebay, Amazon et autres Yahoo! touchent aujourd’hui leur prime au premier entrant. Avec la contraction des marchés, seules les sociétés qui avaient déjà une marque bien établie ont survécu. Elles sont ainsi les seules à
bénéficier aujourd’hui de la maturité d’Internet.
Des jeunes pousses convoitées
Mais, déjà, l’engouement pour les poids lourds d’Internet se reporte sur quelques jeunes pousses. Les start-up exploitant les réseaux d’affinité suscitent tous les intérêts. Friendster a repoussé une offre d’achat de Google, qui
développerait en interne son propre outil communautaire. Tandis que Spoke Software ?” une société éditant une solution pour construire un réseau virtuel à partir du carnet d’adresses de sa messagerie ?” a levé 11,7 millions
de dollars.D’autres s’acharnent. Malgré deux faillites successives, Wine.com commercialise de nouveau du vin pour les internautes américains. Le marchand pourrait même tenter une prochaine introduction en Bourse.Cet engouement pour les valeurs Internet fait redouter à certains de nouvelles valorisations excessives pour les start-up.‘ La crainte d’une nouvelle bulle n’est pas justifiée. Nous recevons 10 fois moins de dossiers Internet qu’en 2001. Il n’y aura pas de start-up à fort potentiel dans le business-to-consumer car il n’y a plus
de nouveaux marchés. Toutes les pistes qui pouvaient être exploitées l’ont été ‘, conclut Jean-Marc Patouillaud. A moins que le développement de nouvelles technologies ne crée d’autres besoins chez le
consommateur.
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