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Les utilisateurs inquiets des déboires des opérateurs

Les ennuis subis par les opérateurs risquent d’avoir des effets pervers sur les utilisateurs. Pour ces derniers, le danger vient surtout des marges que cherchent à se reconstituer leurs fournisseurs. D’autres craignent de possibles dérives commerciales.

Les difficultés actuellement rencontrées par la plupart des opérateurs commencent à préoccuper sérieusement les utilisateurs. “C’est vrai que l’on se pose des questions “, reconnaît-on au Cigref, le Club informatique des grandes entreprises françaises. Avec le phénomène de concentration, et même de disparition de certains acteurs, la concurrence tend à s’amenuiser. De même, le parcours contrasté de France Télécom est source de préoccupation pour le marché. “Il ne faudrait pas que le consommateur français devienne l’otage de la dette de France Télécom”, dit-on chez Cegetel.Propos de circonstance du principal concurrent de l’opérateur public ? Pas seulement, dans la mesure où l’on observe une remontée des prix de certains services, notamment dans l’univers des mobiles. Autre préoccupation des utilisateurs, les données : “France Télécom a tendance à allonger la durée des contrats “, relève-t-on au Cigref. “C’est vrai qu’il y a un problème global de restauration des marges des opérateurs “, constate Bernard Dupré, délégué général de l’Association française des utilisateurs du téléphone et des télécommunications (Afutt). Reste à savoir quel sera son impact réel sur les prix et la qualité des services. “À force de rechercher des économies, il existe un risque non négligeable de dérive commerciale “, note Bernard Dupré. Bref, même si l’heure de la mobilisation générale n’a pas encore sonné, les utilisateurs sont sur leurs gardes.

Une offre diversifiée sur l’ensemble des services

“Que France Télécom rencontre des difficultés, c’est une chose. Ce que nous souhaitons, c’est avoir en face de nous une offre diversifiée sur l’ensemble des services, mais aussi que le parcours effectué depuis 1998 ne soit pas remis en question à cause des marchés financiers”, déclare-t-on au Cigref.Troisième inquiétude révélatrice d’un certain malaise : l’attitude de l’opérateur national qui consiste à baisser certains prix de détail, notamment dans l’ADSL, tout en maintenant des prix de gros élevés. “Il est vrai que, pour les nouveaux entrants, il y a un effet de ciseau tarifaire ; cela dit, on peut difficilement faire la fine bouche lorsque France Télécom baisse ses tarifs auprès de l’utilisateur final, reconnaît Bernard Dupré. Globalement, il nous faut un marché sain et durable, où les utilisateurs aient le choix.”

Une veillée d’armes en attendant septembre

Fataliste, le Cigref constate qu’“il y a des secteurs (Oracle, SAP ou Microsoft) où il y a encore moins de concurrence que dans les télécoms”. Autant d’éléments qui évoquent une veillée d’armes en attendant la rentrée de septembre. La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) n’a pas souhaité s’exprimer. Un paradoxe alors qu’elle se piquait l’an dernier de “l’importance d’Internet dans les activités des PME” et que de nombreux opérateurs aujourd’hui en difficulté (9 Télécom, Completel et Kaptech) s’étaient clairement positionnés sur ce créneau jugé très prometteur.

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Henri Bessières